Les Bookmakers de Richard Gaitet

Issus d’un partenariat entre Arte éditions et Points, la collections Bookmakers se propose de faire parler les écrivains sur leurs secrets d’écriture. Elle s’ouvre avec deux volumes, Ecrire, c’est le plus drôle de tous les jeux d’Alice Zeniter et La Littérature est une manière de rendre les coups de Nicolas Mathieu.

Du podcast

Journaliste et écrivain, Richard Gaitet anime le podcast littéraire Bookmakers diffusé sur ARTE radio. Très riche, il explore en trois épisodes les méthodes, petits secrets d’écriture et anecdote des « écrivains au travail », mais aussi des éditeurs, lesquels travaillent aussi les textes. On peut écouter à son micro aussi bien le dessinateur aux poussins Claude Ponti que la romancière Céline Minard, l’éditeur Frédéric Martin, la romancière Lydie Salvayre, le romancier Hervé le Tellier, et beaucoup d’autres.

Le succès de ces podcasts tient à la sincérité des échanges et à la qualité du travail préalable. Les œuvres sont lues (cela change des émissions littéraires habituelles…) et les échanges profonds et nourris creusent dans la sincérité de l’acte créateur. Ecrire, oui, mais comment, par quels moyens et, surtout, quelle nécessite ?

aux livres

Le succès du podcast s’est déployé en deux premiers ouvrages co-édités par ARTE éditions et Points. Le principe n’est pas nouveau, et c’est même un peu dans l’air du temps de faire parler les écrivains sur leur écriture. Citons la collection « Secrets d’écriture » co-éditée par Le Robert et Fleuve édition, et notamment Le Plaisir de la peur de Franck Thilliez. Pourtant l’idée de créer un long entretien donne une vraie dynamique au propos, ainsi que le très beau travail éditorial qui fait de ces ouvrages au format semi-poche des compagnons de lecture précieux.

Est-à dire que les écrivains en herbe pourront y découvrir ce qui leur manque pour réussir ? Oui, ce secret est dévoilé à chaque page : le travail. Le reste c’est affaire de chacun, mais les lecteurs des œuvres d’Alice Zeniter et de Nicolas Mathieu, et des autres à venir, se réjouiront d’entrer un peu plus avant dans l’intimité créatrice de leur romancier.

Voici la présentation des deux premiers ouvrages de la collection.

L’art littéraire d’Alice Zeniter, de A à Z. Remarquée en CE2 par une autrice confirmée, publiant son premier livre à seize ans, cette romancière, dramaturge, metteuse en scène, traductrice et scénariste s’est imposée comme l’une des voix les plus stimulantes du paysage franco – phone. Aux Hébrides ou en Hongrie, au plus près des affects d’une hackeuse, d’anciens harkis ou d’une femme de ménage, les histoires d’A. interpellent, en sa qualité de membre honoraire de ce club d’écrivain·e·s qui refusent d’écrire toujours le même livre. Mais comment cette amoureuse éperdue des enquêtes de Sherlock Holmes travaille-t-elle au quotidien? De quelle façon sa pratique du théâtre influence-t-elle sa prose? Comment surmonter ses doutes quand on se trouve « écrasée par l’ampleur de ses sujets » ? Et qu’est-ce que « la stratégie de la semoule »? Un dialogue didactique, plein d’humour et de modestie, sur la fabrique de l’écriture.

Points, janvier 2023, 144 pages, 10,90 euros

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Comment écrire sans trahir le milieu d’où l’on vient ? De sa première rédac’ au Goncourt reçu à 40 ans pour Leurs enfants après eux, en passant par ses « chocs » en lisant Céline, Manchette ou Annie Ernaux, Nicolas Mathieu revient sur la naissance de sa vocation, sa discipline quotidienne et les « coups » que la littérature « lui permet de rendre à la vie, qui nous en met plein la gueule » le temps d’une conversation précise et généreuse. Une plongée passionnante dans la fabrique et les mondes intérieurs du petit bleu des Vosges, devenu l’une des figures montantes du roman contemporain, dont la colère contre « les mensonges, le tout falsifié » reste l’un des carburants, et qui dit avec joie avoir appris davantage en matant Les Soprano qu’en étudiant Tolstoï.

Points, janvier 2023, 144 pages, 10,90 euros

Loïc Di Stefano

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