L’identité républicaine de la France, un débat toujours actuel
On connaît Jacqueline Lalouette, professeure émérite de l’université de Lille et spécialiste de la Libre Pensée, comme auteure d’une biographie de Jaurès et d’un ouvrage paru l’année dernière chez Passés composés, Les statues de la discorde. Avec L’identité républicaine de la France, elle propose une analyse de l’identité de notre pays, en relation avec la laïcité.
Une identité en question
Comme le reconnait l’historienne, on parle maintenant de l’identité républicaine de la France car la notion même d’identité est en question. C’est dû, comme le rappellent nombre d’experts, à la mondialisation et à la construction européenne, voire à l’immigration. Elle analyse avec brio comment la notion d’identité républicaine s’est peu à peu fait une place dans le débat public, grâce en grande partie à l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement. Dans les années 80, il y voyait une étape vers la construction du socialisme mais, les deux septennats de Mitterrand ayant mis du plomb dans l’aile du socialisme à la française (autre débat mais cela mériterait d’y revenir), Chevènement s’est fait le grand apôtre de la République à gauche tandis qu’à droite c’est Philippe Séguin qui assumait ce rôle. La mémoire des Lumières fut mobilisée pour défendre cette identité, récupérant un discours mis au point au XIXe siècle avec quelques entorses à la réalité historique. Tout cela est connu.
De l’identité à la Laïcité
L’ouvrage de Jacqueline Lalouette est solide, restituant bien les termes du débat. Elle revient sur la défense de « l’unité et l’indivisibilité » de la République, deux notions qui ont amené en France à un débat toujours difficile sur les langues régionales, du Breton au Corse, qui a amené la France à ne pas ratifier certaines conventions. L’historienne note combien des hommes comme Chevènement et Mélenchon se sont battus au sénat dans le droit fil d’une mémoire jacobine pour protéger la République selon eux de l’émergence et/ou de la défense de particularismes régionaux. Sur la laïcité, par contre, on la sent plutôt étonnée de certaines « dérives » de ses défenseurs sur la question du voile, de l’Abaya ou de la nourriture halal ou sans porc dans les écoles (ce dernier point mérite de la souplesse de la part des élus locaux). Car quelle est l’alternative ? Le communautarisme à l’anglo-saxonne ? La laïcité ouverte de Jean Baubérot ?
Notre historienne ouvre par contre un débat quand elle note la relative désaffection dans les sondages de l’attachement à la notion de République. Un débat qui n’est pas près d’être refermé… L’identité républicaine de la France constitue en tout cas une invitation à la réflexion.