Le temps est assassin, une plongée dans les tumultes corses
1986 et 2016 s’affrontent devant les souvenirs de la seule survivante d’un drame. Le Temps est assassin mets en lumière la Corse, ses splendeurs, ses secrets pour ainsi démontrer que la vérité est loin d’être percée dans ce beau pays. Tous les addicts de Michel Bussi seront tentés de parcourir cette bd, puisqu’elle est adaptée de son roman (1), qu’on dit de même qualité que Nymphéas noir. Voyons cela.
Remuer le passé est mauvais pour sa santé
Mais alors, vous ne seriez pas Clotilde Idrissi ? J’ai du courrier pour vous. On l’a reçue hier. Du courrier ?
Une Renault 30 fonce de nuit sur les routes sinueuses de la presqu’ile de la Revellata, elle loupe un virage et termine sa course plusieurs dizaines de mètres dans la mer. L’unique survivante de cet accident est Clotilde, une jeune fille de 16 ans. Sa mère, son père, son frère ont péris.
25 années plus tard, elle revient sur les lieux du drame, passer des vacances avec son mari et sa fille Valentine. Leurs vacances ne pourront se résumer à profiter du camping et de la plage où elle avait ses habitudes enfant. Elle retrouve surtout une partie de sa famille et son grand père propriétaire de la presqu’ile. Tout démarre avec une lettre reçue le lendemain. Cette lettre inattendue est signée de sa mère !
Clotilde va alors s’embarquer dans la quête de la vérité, de son histoire et de celle de sa famille. Les fausses vérités, les dessous incertains, de nouveaux disparus… vont malmener tout le microcosme de la presqu’ile, où tout le monde se connait, où tout le monde cache ses secrets.
L’omerta porte si bien son nom
Dans quelle autre province pourrait-il y avoir autant de difficultés à affronter les secrets si ce n’est en Corse ?
Dès les premières pages le ton est donné, la trame du drame est omniprésente. Le passé et le présent sont indissociables, nous naviguons entre deux eaux, entre deux histoires. Les mémoires des uns font le malheur des autres. L’intrigue monte en puissance au rythme des découvertes et des liens qui refont surface. Celle qui était une jeune fille secrète et timide revient avec la maturité et la farouche envie de connaître les vérités.
Le Temps est assassin se lit comme un roman, les images et les dessins accompagnent parfaitement le récit. C’est une lecture agréable malgré la succession de tragédies qui prennent le lecteur comme un voyage très noir dans l’île de Beauté.
Xavier de la Verrie
Frédéric Brrémaud (scénariste), Nathalie Berr (dessinatrice), d’après le roman de Michel Bussi, Le Temps est assassin, Philéas, mars 2023, 112 pages, 19,90 euros