« Un éclat de givre », du jazz post-apocalyptique

Estelle Faye, scénariste, réalisatrice et écrivain

Comme réalisatrice, Estelle Faye s’est fait un nom en recevant le prix France Télévisions au festival de Cannes. Elle a publié plusieurs romans dont Porcelaine (Les moutons électriques, 2013), Les seigneurs de Bohen (Critic, 2017) et la trilogie La Voie des oracles chez Scrinéo. Déjà paru aux moutons électriques en 2014, Un éclat de givre se déroule un siècle après la fin de notre civilisation et on peut d’ores et déjà dire que ça déménage.

 

 

« Votre mission, si vous l’acceptez… »

Paris a bien changé depuis la Fin du monde mais Chet, jeune chanteur de jazz de vingt-trois ans, s’en sort plutôt bien. Il gagne sa vie grâce à ses tours de chants, avec son pianiste Damien, en interprétant des standards d’avant la catastrophe. Il a des aventures avec des hommes et des femmes et s’en sort bien même s’il a la nostalgie de Tess, sa meilleure amie, qui a quitté la ville comme ingénieur. Quand un type magnifique débarque en lui proposant un boulot bien payé mais dangereux, Chet renâcle. Il ne s’agit ni plus ni moins que de l’introduire en Enfer, là où des chirurgiens dévoyés opèrent des cobayes, volontaires ou pas, pour obtenir des mutations toujours plus différentes… Chet finit par accepter. Pour les beaux yeux d’un gars qu’il baptise Galaad, il ne sait pas que le sort de Paris va bientôt être entre ses mains.

 

 

« Un éclat de givre » : un roman foisonnant

Un éclat de givre ne manque pas de charme dont celui de l’amour du jazz, chose rare à notre époque et qu’il convient de relever. Estelle Faye maîtrise aussi la narration éclatée et les flashbacks : nous découvrons le passé de Chet  (et aussi celui de Paris) à mesure que l’histoire se déroule. Personnage tourmenté, Chet intéresse le lecteur, servi par la narration à la première personne. On est parfois proche d’un roman noir. Et puis il y a Tess la garçonne, qui lui chavire le cœur…

 

Voilà un roman qui fonctionne bien, à défaut d’être génial : on s’en contentera cependant !

 

 

Sylvain Bonnet

 

Estelle Faye, Un éclat de givre, Gallimard, « folio sf », octobre 2017, 352 pages, 8,80 euros

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