Le Ciel par-dessus le toit de Nathacha Appanah

« Il était une fois un pays qui avait construit des prisons pur enfants parce qu’il n’avait pas trouvé mieux que l’empêchement, l éloignement, la privation, la restriction, l’enfermement et un tas de choses qui n’existent qu’entre des murs pour essayer de faire de ces enfants-là des adultes honnêtes, c’est-à-dire des gens qui filent droit. »

Après Tropique de la violence et Une année lumière , Nathacha Appanah explore les méandres des relations familiales dans Le Ciel par-dessus le toit. Un portrait singulier et troublant pour ne pas dire perturbant d’une famille éprouvée qui cherche à retrouver par-dessus le toit, un ciel bleu et calme.

 Loup y es-tu ?

Loup dort en prison ou plutôt en maison d’arrêt. Il a rêvé de Paloma, sa sœur, qu’il n’a pas vue depuis des années et à son réveil, son chagrin était tel qu’il a décidé de prendre la voiture de sa mère pour aller la voir. Sans permis, il a provoqué un accident en roulant à contre sens. C’est elle qu’il réclame et non, sa mère, l’insondable Phénix. Mais ceci n’est pas le début. Il faut remonter en arrière pour comprendre ce qui s’est joué dans la tête de Loup, dans celle de sa sœur mais aussi de leur mère.  

Dis qu’as tu fait, toi que voilà, de ta jeunesse?

Dans ce roman particulier qui tient son titre d’un poème de Verlaine, Nathacha Appanah décortique les relations familiales et surtout le poids que les parents peuvent faire peser ou pas sur les frêles épaules de leurs enfants. Pour cela, l’auteure dresse le portrait de trois personnages écorchés vifs.

Il y a d’abord la mère, Phénix. Sauvage et insondable, celle qui s’appelait jadis Eliette, n’a pas pu supporter d’être la fille que ses parents auraient voulue, ni la mère que ses enfants désiraient. Il y a Paloma, aussi discrète que sa mère est flamboyante. Elle déteste l’alcool dans les gâteaux et le creux dans le jardin. Et Loup enfin. Phénix lui a donné ce nom pour lui donner de la force mais Loup est souvent perdu. Quand on lui parle, il vous regarde dans les yeux mais souvent il ne vous entend pas.  

Ces trois êtres qui ne savent pas s’aimer, que tout sépare vont être réunis et sortir de leur enfermement pour découvrir ce ciel bleu et ouvert par dessus le toit.

Il ne faut rien regretter parce qu’il faut bien que ça se termine, ce faux-semblant qu’est l’enfance, il faut bien que les masques soient retirés, les imposteurs démasqués, les abcès crevés, il faut bien que cesse toute velléité du mieux, du magnifique, du meilleur, il faut bien en finir avec les belles paroles, les bons sentiments, les rêves doucereux, il faut bien, un jour, arracher à coups de dents sa place au monde.

Aimer trop ou pas assez

L’utilisation de la troisième personne permet au lecteur de survoler les trois personnages. Cependant l’écriture s’adapte à la psyché de chaque personnage : poétique et mélodique pour Loup, hachée et violente pour Eliette/Phénix et contenue et pudique pour Paloma. On aime ou on n’aime pas. Ce qui est aussi le sujet finalement de ce roman. Aimer trop ses enfants, ne pas les aimer assez.

Chacun fera son choix mais si vous avez aimé Tropique de la violence, vous aimerez ce nouveau roman perturbant de Nathacha Appanah. Une bonne occasion de réfléchir à l’impact de notre vie sur celle de nos enfants.

Clio Baudonivie

Nathacha Appanah, Le Ciel par dessus le toit, Gallimard, août 2019, 125 pages, 14 eur

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :