Goodbye, Chicago 1928, retour à la prohibition

Le troisième homme

Auteur du Petit César, scénariste réputé à Hollywood (on lui doit La Grande évasion de Raoul Walsh avec Humphrey Bogart) qui a adapté nombre de ses livres (bravo à John Huston pour avoir réussi celle de Quand la ville dort au passage), William R. Burnett fait figure de fondateur du roman noir, un cran en dessous cependant de Dashiell Hammett et de Raymond Chandler. Goodbye, Chicago 1928 est son dernier roman, paru en 1981 et revient sur l’époque de la prohibition. Gallimard vient de le rééditer à la Série Noire.  

L’horreur tranquille du monde

C’était une nuit comme les autres. Sauf pour la morte, qui ne ressemblait plus qu’à un paquet de vieux vêtements.

Sergent de police, Joe vit seul depuis que sa femme Maria est partie. Un jour, elle est retrouvée morte et Joe finit par apprendre qu’elle était la maîtresse d’un gangster, Ted Beck. Joe voudrait savoir comment elle a pu en arriver là. Pendant ce temps, ce Ted Beck regrette la mort de Maria et commence à se planquer lorsque les flics remontent sa piste. L’organisation à laquelle il appartient ne tardera cependant pas à éliminer la gêne qu’il représente. Joe finira par devenir lieutenant et par comprendre aussi qu’il y a des affaires à ne pas évoquer. Et il ne comprendra pourquoi Maria est morte…  

Un roman intense et le portrait d’une ville

Drôle de livre que ce Goodbye, Chicago 1928 ! Burnett a en effet fait a carrière en publiant Le Petit César, qui s’inspirait de l’histoire de l’ascension et de la chute d’Al Capone et Chicago a été le décor de nombre de ses romans. Benoît Tadié dans sa préface dit que ce roman constitue la scène primitive de l’œuvre de Burnett. C’est aussi un dernier coup d’œil rétrospectif sur ce qui a déclenché sa carrière d’écrivain. notons que sa description du crime organisé est remarquable, écrite au scalpel.

Au fond, Goodbye, Chicago 1928 est surtout le portrait d’une ville, d’une époque. Les personnages sont des sujets d’une histoire qui les dépasse, celle de la ville de Chicago et du crime qui règne dans les rues. C’est aussi une invitation à redécouvrir l’œuvre d’un auteur de polars un peu oublié aujourd’hui. A tort.  

Sylvain Bonnet

W.R. Burnett, Goodbye, Chicago 1928, traduit de l’anglais par Rosine Fitzgerald et révisé par Marie-Caroline Aubert, préface de Benoît Tadié, Gallimard, « série noire », octobre 2020, 224 pages, 17 eur

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