La dernière guerre? Palestine, 7 octobre 2023 – 2 avril 2024
On connait Elias Sanbar, ambassadeur de la Palestine auprès de l’UNESCO et ancien négociateur de l’Autorité Palestinienne, pour son ouvrage Figures du Palestinien (Gallimard, 2004), qui a remporté le prix de l’amitié franco-arabe, récemment réédité. Marqué dans sa prime enfance par l’expulsion de sa famille, il s’est montré récemment très pessimiste dans les médias (mais qui ne le serait pas ?) depuis le début de l’intervention israélienne à Gaza suite au pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023. Ce court texte paru dans la collection « Tracts » de Gallimard synthétise sa pensée.
Une thèse simple

Pour Elias Sanbar, les choses sont simples : le gouvernement israélien a entrepris avec son intervention à Gaza ce qu’on peut appeler la dernière guerre, celle censée parachever la victoire de 1948. Et pour quel but ? L’expulsion de tous les habitants de Gaza, gazaouis d’origine et descendants de réfugiés, afin de les remplacer par des colons. Ici serait l’aboutissement d’une politique israélienne visant à dénier aux palestiniens le droit de résider sur leur terre, au mépris de toutes les règles du droit international. On ne peut écarter d’un revers de main certaines affirmations de ce texte. Les ministres d’extrême-droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir ont ouvertement envisagé de déplacer les populations gazaouies en Afrique. Notons également que la violence des colons en Cisjordanie envers les palestiniens va croissante et cela est enregistré par des ONG israéliennes.
Un conflit régional ?
Depuis la rédaction de ce tract, Israël, dans l’impasse à Gaza, est intervenue militairement au Liban contre le Hezbollah chiite, bras armé de l’Iran et… a gagné, du moins provisoirement. Une victoire renforcée par la débâcle de Bachar El Assad, client de l’Iran, qui cédé le pouvoir en Syrie aux… islamistes de Jolani. Bref, la géopolitique de la région se redessine, en attendant le retour au pouvoir de Trump. De tels prémices ne semblent guère prometteurs pour les palestiniens, divisés entre partisans du Hamas et du Fatah, défaits par Tsahal. Israël peut-il dominer sa victoire ? Ou le pire est-il à venir ? Guère optimiste, ce tract de Sanbar n’aide guère à garder l’esprit serein. L’opinion publique israélienne peut-elle se retourner contre Netanyahou ?
Sylvain Bonnet
Elias Sanbar, La dernière guerre ? Palestine, 7 octobre 2023 – 2 avril 2024, Gallimard « Tracts », avril 2024, 48 pages, 3,90 euros