Brunilda à la Plata : le quatrième mur en folie
On ne connaissait pas du tout Genís Rigol, animateur et graphiste qui a participé à un court métrage, Knocktritke, qui a été sélectionné dans pas mal de festivals. Brunilda à la Plata en tout cas est une œuvre totalement à part.
Les affres de la création

On est dans un théâtre. Norman rencontre Brunilda. Cette dernière a un coup de cœur pour lui. Elle lui propose un diner à 21h. Norman n’en revient pas, les gens autour de lui non plus car Brunilda a sa réputation. Norman réalise sa chance mais va vite se retrouver devant un hic : pour aller à son rendez-vous, il devra traverser la scène. Or la pièce dure et dure encore. Elle n’en finit pas car son auteur, monsieur le Dramaturge, n’arrive pas à le finir. Accompagné du régisseur et de quelques autres, Norman va le voir. Mais monsieur le dramaturge est devant un mur avec sa mauvaise conscience comme seul compagnon. Et s’il écrivait un rôle pour Norman ? Comme ça, ce dernier pourrait traverser la scène et rejoindre Brunilda. Monsieur le dramaturge refuse. Il écrit et écrit.
A un moment, on envoie Norman chercher les pages. Le dramaturge s’est endormi et Norman prend les dernières pages. Le public se réveille, crie au génie. La fin, enfin ?
Norman et Brunilda se retrouveront-ils ?
Une œuvre à part
Brunilda à la Plata surprend. On est devant une œuvre très ambitieuse, une réflexion sur la difficulté de créer et de terminer une œuvre. Le graphisme est virtuose, les décors changeant au fur et à mesure des pérégrinations de Norman et des affres du dramaturge, personnification de l’artiste qui cherche à être reconnu et se réfugie dans l’auto-apitoiement : à la fin il en finit par ne pas comprendre les compliments de la critique ! Intéressant et passionnant.
Sylvain Bonnet
Genís Rigol, Brunilda à la Plata, Rivages « Virages graphiques », avril 2025, 144 pages, 23 euros