Gaspard va au mariage, entretien avec Antony Cordier

Déjà auteur de Douches froides et Happy Few, Antony Cordier présente, dans son troisième long-métrage, une famille pas comme les autres. Elle vit dans un parc zoologique qui a connu des jours meilleurs. D’où des tensions quant à l’avenir du site. Surtout, elle est composée de personnalités très disparates et pas forcément complémentaires. Gaspard (Félix Moati) — qui a quitté cette campagne animalière pour aller vivre en ville —- revient pour assister au mariage de son père. Il entraine avec lui une jeune femme qu’il vient juste de rencontrer (Laetitia Dosch). Elle n’est pas au bout ses surprises… Retour dans son enfance pour l’un, immersion dans un monde à part pour l’autre.

 

Entretien

D’où vient le déclic de l’histoire ?

L’envie de faire un film sur la famille. Je voulais proposer mon propre regard sur la famille, en espérant qu’il soit différent des films que j’avais en référence comme La Famille Tennenbaum, Elizabethtown… mais aussi Un conte de NoëlMa saison préférée… Je voulais trouver un univers suffisamment fort pour que le film soit différent.

Vous avez donc cherché un lieu atypique ?

Quand on commence un scénario, on se pose des questions basiques : que font les personnages, quelle est leur origine sociale, etc. L’idée du zoo est apparue est nous a ouvert de nouvelles possibilités qui nous paraissaient intéressantes. Par exemple pour le père, la première fois qu’il apparait, il fallait que le spectateur comprenne que c’est un mec bizarre, à la fois séducteur et dingue. D’où l’idée de l’aquarium avec trois cents poissons autour de lui en train de parler à ses enfants !

 

Christa Théret

 

Y a-t-il des contraintes à tourner dans un zoo ?

Oui car c’est très difficile de les approcher. Aujourd’hui, dans les zoos, on évite le contact trop direct entre les animaux et les humains, y compris avec les soigneurs. On essaie de préserver la sauvagerie animale, ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques années. Par exemple, il n’est pas question de tourner avec les lions. Pour toutes les scènes avec les animaux, nous avons fait appel à des bêtes dressées venues de l’extérieur.

D’où vient l’aspect poétique du film ?

Avec un zoo on peut avoir des personnages qu’on n’a jamais vus avant. Par exemple une jeune fille qui se prend pour un ours. Les animaux font partie de leur quotidien, donc on peut aller ailleurs. Du coup on se retrouve connecté à l’ambiance du conte. J’ai voulu faire un film magique.

 

Félix Moati et Laetitia Dosch

 

Combien avez-vous tué d’animaux pendant le film ?

Effectivement, il y a des animaux morts mais nous ne les avons pas tués ! En fait, dans les zoos de nombreux animaux meurent, soit de maladie, soit de vieillesse, soit parce qu’ils se battent entre eux. Les gens des zoos ont l’habitude de conserver les animaux avant de les envoyer chez l’équarisseur. Là, on a demandé de garder les animaux morts dans l’année. Le petit singe que l’on voit dans le film est mort d’une maladie dont j’ai oublié le nom. Ils l’ont gardé pour nous. Quant aux cadavres de cervidés que l’on voit, ils nous ont été donnés par des chasseurs.

Aviez-vous des animaux étant enfant ?

J’ai eu un lapin ! Il s’appelait Gibus… Mais on habitait au 1er étage, dans un HLM. Et, un jour, Gibus a sauté sur l’épaule de ma mère et de là il a sauté à l’extérieur et il est tombé des onze étages. Ma mère a dit qu’il n’y aurait plus jamais d’animaux à la maison… Je n’avais jamais réfléchi à ça mais peut-être que ça m’a influencé au moment de ma recherche d’un univers différent. Je m’en suis peut-être servi pour évacuer un traumatisme d’enfant !

Le zoo a-t-il été difficile à trouver ?

On en a visité beaucoup mais celui-là s’est vite imposé parce que c’est plus un refuge pour animaux qu’un véritable zoo. En plus il y avait cette incroyable maison au centre du terrain. Il s’agit du parc animalier du Reynou, dans le Limousin, où nous sommes restés six semaines.

 

Propos recueillis par Philippe Durant

 

Gaspard va au mariage

Un film d’Antony Cordier

Avec Félix Moati, Laetitia Dosch, Christa Theret, Guillaume Gouix, Marina Foïs

1h45 – sortie le 31 janvier 2018

 

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