Trois heures du matin, la belle rencontre entre un père et son fils

Depuis qu’il est enfant, Antonio subit des moments d’absences. Jusqu’à l’évanouissement qui affole vraiment. Alors le médecin pose le diagnostique : épilepsie, maladie du cerveau, donc presque honteuse pour la mère et qu’il faudra cacher. Mais les traitements n’y font rien, les privations non plus. A la veille de sa majorité, il est décidé qu’il ira à Marseille rencontrer le plus grand spécialiste. C’est là, en compagnie de son père, qu’il va vivre la grande expérience. Dans l’intimité d’un pays étranger, en pleine nuit. Trois heures du matin de Gianrico Garofiglio est le roman d’une renaissance.

Tandis que nous marchions, je me disais que je n’avais probablement jamais vraiment parlé avec mon père.


La plus belle nuit de leur vie

Le père et le fils, qui finalement ne se connaissent pas, vont errer dans les rues de Marseille pour rester éveillés. C’est le stress de l’absence de sommeil qui doit confirmer — ou non —, que le traitement a fonctionné. Mais finalement, guérir n’est pas la chose la plus importante dans cette nuit marseillaise.

Des quartiers touristiques ils s’en vont découvrir la ville sombre, une boite de jazz, un bar glauque. Leur origine italienne, dans cette ville si particulière, leur permet de belles rencontres, des moments de peur, de joie, d’errance et d’attente. Ils voient la ville s’endormir, puis se réveiller. Une lutte contre la fatigue qui va se révéler, avec le jour, comme une renaissance proprement dite.

Nous avons donc cherché à apprendre à nous perdre. Bientôt, une légère fièvre s’est emparée de nous : nous découvrions de nouvelles manières de penser, nous remarquions des choses — à l’intérieur comme à l’extérieur de nous — dont nous n’aurions jamais pris conscience autrement.

Au nom du père, du fils

Cette nuit particulière est celle d’un père qui se raconte, qui raconte à son fils la vie d’avant. Sa rencontre avec sa mère, les études, la vie. Mais aussi ce qui faisait qu’à sa génération on pouvait agit de telle manière pour se sentir un homme. Et ils tirent tous les deux l’enseignement de leur proximité, ayant chacun fait l’expérience de se croire singulier.

Servi par une écriture simple et belle, Trois heures du matin touche le lecteur qui découvre en même temps que les personnages tout ce qui leur a été caché. Par la vie, par la mère, par les silences. Quel beau roman ! Ces moments qui font se rencontrer un homme et son fils sont magiques. Comme si le destin avait offert à ces deux-là l’occasion d’une seconde chance, au hasard l’un de l’autre, pour commencer à exister pour de vrai.

Loïc Di Stefano

Gianrico Garofiglio, Trois heures du matin, traduit de l’italien par Elsa Damien, Slatkine & Cie, mars 2020, 222 pages, 16 eur

articolo dedicato a mio zio Claude Galli

Laisser un commentaire