Rencontre avec Laurent Loison, auteur de Coupable ?

Coupable ? est un roman puissant et marquant qui pose deux lignes parallèles, et les fait se rejoindre à l’infini. Deux destins de petits cambrioleurs qui sont utilisés pour des combats d’ego qui les dépassent. Mais le choc de ces deux petites lignes qui se percutent est un choc incroyable, d’un seul mot tout est joué avec maestria. Laurent Loison, auteur de cette petite merveille de roman noir, a eu la gentillesse de nous accorder un petit entretien.

Entretien

Comment qualifieriez-vous votre roman ? Un roman de procès ?

Alors, pas du tout. (Comment vous mettre mal à l’aise en cinq secondes lol) 

Oups, je me moque, je sais, ce n’est pas bien 😉

Coupable ? n’est pas un roman de procès. Peut-être d’intention ? Le procès est un prétexte pour décrire ce que les humains sont capables de se faire, de s’infliger pour heurter et blesser les autres. Comment l’Homme est capable de transgresser toutes les règles de morale quand il s’agit d’assouvir ses pulsions et de répondre à ses plus vils sentiments. 1

Il y a beaucoup de film de procès. Lequel serait selon vous à regarder en priorité, pour découvrir ce genre, et pourquoi ?

C’est vrai qu’il y en a beaucoup. Et de très bons. L’Affaire Dominici en est un exemple. Gabin dans son contre-emploi était brillant.

Et puis ceux qui m’ont le plus marqué sont incontestablement ces deux-là, sans ordre particulier : 

  • A few good men / Des hommes d’honneur. C’est un peu le même principe. Il s’agit d’un procès bien sûr, mais l’idée est de faire découvrir la vérité en s’appuyant à la fois sur le défaut majeur et la qualité principales du condamné potentiel.
  • The accused / les Accusés, évidemment. Voilà le type même du film procès que j’ai adoré.

Vos personnages sont tous très « vivants ». Comment les concevez-vous ? 

Ils sont comme les gens que je croise, ou côtoie au quotidien. Ils ont des qualités, des défauts. Toute la première partie de ma vie, je me suis attaché à ne voir que les points négatifs chez les autres. Depuis dix ans, je fais l’inverse. On vit beaucoup mieux. Il ne s’agit pas non plus de penser que l’on vit dans le monde des Bisounours. La vigilance doit rester de rigueur. 

Mais vos personnages sont tous aussi pris par un passé sombre ou des vices propres. Il n’y a pas de rédemption ? 

Mais nous avons tous un passé plus ou moins sombre. Qui peut se targuer de ne pas avoir blessé ou heurté quelqu’un ? Par action, par omission. 

Mais le mal fait ne peut entrainer que deux réponses : pour la victime, le pardon ou la vengeance, même si ce dernier mot est dans certains cas trop fort. 

La rédemption ou le plaisir chez l’exacteur. Ce qui fait de lui soit un Homme, soit un animal.4

La fin de Coupable ?, dont on ne dira rien, est un cataclysme qui remet tout en perspective. Est-ce sur le mot de la fin que vous avez construit votre roman ? 

Je ne peux rien vous cacher. Oui, évidemment que tout est construit autour de cette fin. Je la trouve belle.

De cette beauté tragique qui emporte tout.

Oui, oui, vous pouvez me le dire, il faut que je fasse attention à mes chevilles 😉 Non, simplement, je suis fier de cette fin. Non que je donne dans l’autosatisfaction je vous rassure, mais parce que les retours sont très majoritairement teintés du plaisir que j’ai pu véhiculer. Et ça, c’est la raison ultime de l’écriture telle que je la conçois.

Transmettre des émotions fortes.5

Le roman voyage entre la France et les USA, le moyen pour vous de relier vos deux pays ? 

Clairement. Le moyen de relier mon passé et mon présent. Si vous voyez ce que je veux dire. Je ne suis jamais satisfait. Quand je suis en France, mes filles et les US me manquent. Et lorsque je suis aux US, mes beaux-fils et la France me manquent.

Bref, je suis français et donc jamais content, lol.Y

A-t-on l’espoir de revoir Florent Bargamont, héros de vos précédents romans ?

C’est un espoir qui a tout lieu d’être. 

J’y pense de plus en plus. Il va donc revenir. Je ne suis pas encore certain du timing.X

Propos recueillis par Loïc Di Stefano

Laurent Loison, Coupable ?, Slatkine & Cie, février 2020, 348 pages, 18 eur

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