La Bombe, l’incroyable histoire vraie de la bombe atomique
un monument de pédagogie historique
La Bombe est un travail colossal de recherche et de production graphique pour aboutir à un monument sur l’histoire de la création de la première bombe atomique. Larguée par le bombardier B-289 Enola Gay, Little Boy toucha Hiroshima le 6 août 1945 et concourra à l’abdication du Japon, massacre de civils innocents (1) qui fit lever le dernier obstacle à la paix mondiale.
Je suis le feu incandescent des enfers. Je suis le choc. Je suis le créateur de néant. Je suis celui qui a fait se coucher le soleil sur l’empire du soleil levant…
Les dessous étonnants de la bombe atomique
Près de 500 pages pour expliquer, dévoiler les coulisses de la transformation de l’atome en bombe. Pas n’importe laquelle, la plus puissante jamais créée. Un monstre qui n’aurait jamais pu exister sans l’homme, qui d’ailleurs n’aurait jamais dû exister tout court.
Nous sommes en pleine Deuxième Guerre mondiale et les grandes puissances qui se font face : l’Allemagne, la Russie, le Japon et les USA tentent de maîtriser l’atome.
A renfort de manœuvres politiques, diplomatiques, tactiques mais surtout financières, la course contre la montre a démarrée.
Si, c’est un jeu. Le jeu de la mort, misérable ou sublime, cruelle ou voulue, individuelle ou de masse.
Ce n’est pas un jeu. Les américains, pour être les premiers vont tout d’abord recruter sur la planète entière les meilleurs experts. Ensuite manœuvrer pour obtenir et acheter l’uranium nécessaire à la production de la bombe. Enfin débloquer des moyens financiers énormes pour créer dans le grand secret, une usine pour tester et développer la bombe. Mais surtout ralentir le travail de recherche de ses adversaires, en pillant ou détournant leurs réserves ou en les attaquant pour détruire leurs installations.
La bombe naît, se retient et s’émancipe
Les auteurs ont étonnamment personnalisé à la bombe atomique en lui donnant la possibilité de s’exprimer : elle parle à la première personne. On la laisse naître, bredouiller, grandir jusqu’à l’ultime sacrifice de sa vie pour s’ouvrir au monde et exploser.
Cette bombe a servi de catalyseur une fois de plus à la sournoiserie humaine, celle de vouloir dominer le monde, d’être le premier, le plus fort, le plus puissant.
On imagine en arrière-pensée que les auteurs ont pensé à confronter les pires des dictateurs qui n’ont d’égal que la folie des dirigeants démocratiques. Ces derniers, pour arriver à leurs fins, sont prêts à dépenser sans compter mais le plus dramatique, à sacrifier leurs propres hommes.
Au-delà de cette analyse hypothétique, le travail des auteurs et du dessinateur a été de rassembler des éléments fiables. Ainsi La Bombe apporte un éclairage objectif, sans concessions.
Il en ressort un ouvrage qui fera référence et qui, malgré certaines longueurs, dévoile les origines de la bombe. Les vicissitudes des hommes qui ont permis cette vision apocalyptique de la stratégie militaire qui défend les valeurs du plus fort pour anéantir son adversaire. La meilleure défense, étant l’attaque…
Xavier de la Verrie
Alcante, LF Bollée (scénario), Denis Rodier (dessin), La Bombe, Glénat, mars 2020, 472 pages, 39,00 eur
(1) Bob Lewis, le copilote d’Enola Gay : « Mon Dieu, qu’avons-nous fait ? Même si je vis cent ans, je garderai à jamais ces quelques minutes à l’esprit. »