La Guerre à la politesse est un combat sans merci

Graphiste bordelais le jour, amateur de bons mots à tout moment de la journée, il devient Gaspard de Lalune quand il mêle ses deux passions. Et nous voilà face à un héritier du Monthy Python’s Flying Circus et de Pierre Desproges, toujours soucieux de cet équilibre délicat entre le plus ciselé et le plus potache, sans que rien ne soit jamais ni vulgaire ni vain. Le calembour a-t-il trouvé son ciseleur ? Nous avons eu le plaisir de rencontrer Gasard et n’avons pas manqué cette occasion de relire La Guerre à la politesse est un combat sans merci, de ces livres qui font rire ou sourire, c’est selon, mais ne laisse pas sans ce petit sentiment bienheureux d’être un peu plus heureux.

 

 

Entretien

 

Votre style est à la fois très soigné côté typo et graphisme et tout ça pour mettre en avant des blagues un peu « puériles ». Comment définiriez-vous votre humour ?

J’assume totalement cet humour potache à la mauvaise réputation mais je le cache sous une esthétique léchée pour créer le décalage. Nous sommes très contradictoire dans notre façon de nous comporter. Seul en voiture, on écoute volontiers rire et chanson puis en société on préfèrera FIP ou Nova. J’essaie de faire cohabiter les deux. J’aime jouer avec les mots, les approximations, l’absurde… C’est limite pathologique.

 

Vous cherchez à vous guérir ? 

J’ai perdu bon nombre d’amis à cause de ma faculté à couper une conversation sérieuse au profit d’un jeu de mot.

J’ai vu une flopée de médecins, psychiatres, marabouts… Sans succès mais j’ai rencontré un sélénite il y a quelques jours, j’ai bon espoir.

 

© Gaspard de Lalune / Textuel

 

Vous alternez les affiches et les fac simile de catalogue délicieusement désuet, façon catalogue Manufacture de St-Etienne. On trouve ce même genre de décalage dans les intermèdes de l’émission de TV « Monty Python Flying Circus ». D’où vous vient cette inspiration ? qui sont vos modèles ?

Oui, j’aime cette esthétique belle-époque. Les éditions Deyrolles, source d’inspiration pour la partie encyclopédique. Bien sûr Monty Python, Benny Hill, mais le plus grand de tous : Pierre Desproges ! Le seul homme à pouvoir dire des horreurs avec une classe folle !

 

Je n’ai pas trouvé chez vous cette volonté d’agonir sous l’adverbe et l’opprobre, avec un sourire génial, marque de Desproges en effet. Vous me semblez quand même bien plus gentil ! 

Je ne me compare absolument pas à ce grand homme érudit, je ne lui arrive même pas à la cheville ! J’aime sa classe, son verbe et sa façon de nous livrer ses textes au rasoir.

J’évite les sujets qui fâchent, qui divisent, qui opposent. Je suis plus un fils de pub avec une culture transversale légère, un auteur à qui on donne un peu de crédit pour ses bons mots prêtant à rire.

 

© Gaspard de Lalune / Textuel

 

Vous écrivez sous pseudo mais donnez en même temps votre vrai nom. Votre schizophrénie se porte bien ? A quoi cela vous sert-il de vous cacher tout en vous montrant ?

Oui, compliqué à gérer mais nous allons bien. Le pseudo me permet de faire exister un auteur à la naissance du DADA, d’être cohérent avec l’esthétique début XXe.

J’ai aussi voulu rattacher l’auteur avec Bordeaux et le port de la lune.

 

Vous puisez jusque chez Tristan Tsara vos influences ? c’est finalement très culturel, l’humour potache !

Un artiste DADA qui s’habille chez H&M se retrouve Triste en ZARA, cela vous convient comme humour potache ? 😉

Le DADA est pour moi ce qui représente le « Sacré Graal » de la révolution artistique, conceptuelle avec beaucoup d’humour comme la Joconde de Léonard de Vinci re-visitée par Marcel Duchamps et Francis Picabia : L.H.O.O.Q.

 

© Gaspard de Lalune / Textuel

 

Quel est l’accueil de votre La Guerre à la politesse est un combat sans merci et plus généralement comment êtes vu perçu en tant qu’auteur humoristique dans la librairie actuelle ?

Gaspard de Lalune n’est pas encore très connu mais les personnes que je suis venu rencontrer  lors de dédicaces étaient très enthousiastes. Pour les libraires, c’est la très bonne réputation de mon éditeur Textuel qui me précède. J’ai souvent la remarque disant que mon livre est inclassable ce qui me paraît être un bon début.

 

Quels sont vos prochains projets (livres ou exposition) ?

Un deuxième volume est en préparation et la sortie est prévue fin 2019.

Après Artazart et Les Originaux, j’expose en ce moment à la librairie Libres Champs à Paris et à la boutique du CAPC à Bordeaux. En juillet je serai à Nantes, boutique Dodé et en août retour à Bordeaux chez Krazy kat !

Avec séances de dédicaces qui seront communiquées sur la page officielle Facebook et Instagram.

 

L’humour est une arme visant surtout à désarmer. Quel est votre plus beau combat gagné grâce à l’humour ?

Mes trophées sont les sourires des lecteurs qui se marrent à l’une de mes vannes.

Mon vrai métier étant graphiste, j’ai tenté de glisser une contrepèterie dans une affiche pour un syndicat viticole : « j’aime le goût du blanc ». Mais je me suis fait prendre car je suis comme le poète, mal armé…

 

Propos recueillis par Loïc Di Stefano

 

Gaspard de Lalune, La Guerre à la politesse est un combat sans merci, Textuel, octobre 2017, 64 pages, 29 euros

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