« Les indestructibles 2 », entretien avec Brad Bird

Le véritable événement cinématographique de l’année 2018 n’est certes pas la sortie d’un nouvel épisode des Avengers, ni même une suite à Deadpool et pas non plus un nouvel épisode de Mission Impossible. Non, le grand, le vrai, l’unique évènement est le retour de cette famille indestructible. Il a fallu attendre quatorze longues années pour les voir revenir. Et en pleine forme !… Devant affronter un nouveau méchant tout en gardant un minimum de cohésion au sein d’une maisonnée composée de parents et d’enfants dotés supers-pouvoirs… Cette fois l’épouse, Hélène, s’approprie le beau rôle (laissant son mari à la maison) tandis que l’ensemble des gags concerne l’irrésistible Jack-Jack. 

Entretien avec Brad Bird, créateur de cette incroyable famille.

Pourquoi une suite si tardive ?

Quand quelque chose marche, la pression est très forte. Je ne fais pas attention à ce qui s’écrit sur Internet mais on m’a dit que s’y passait quelque chose d’assez bizarre, que les gens y étaient très exigeants au sujet d’une suite. Mais faire la même chose que le premier ne m’amusait pas du tout. Je voulais simplement m’imaginer le public installé dans une salle en découvrant un film différent.

Depuis la sortie des Indestructibles, les super-héros ont envahi nos écrans. Cela vous a-t-il inquiété ?

C’est vrai qu’au début ça a un peu cassé mon enthousiasme parce qu’il y avait trop de super-héros. Pendant des années, je me suis dit qu’une suite sortirait après tous ceux-là. Mais j’avais vraiment envie de la faire. Alors j’y ai réfléchi une heure et je me suis lancé parce que je voulais vraiment faire un film sur la famille.

 

 

Pourquoi ce va et vient entre les exploits et la vie de famille ?

C’était un challenge mais aussi une belle expérience car cela rend le film à la fois dynamique et sympathique tout en permettant de passer d’un style à l’autre.

Avez-vous eu totale liberté de création ?

Oui et c’est en cela que Pixar est un endroit extraordinaire : on y apprécie les différences entre réalisateurs. Ma façon de travailler est très différente de celle de John Lasseter mais ce n’est en rien un handicap. Je suis heureux que ce studio fonctionne comme cela. Chacun y suit sa propre voie et c’est cela la force de Pixar. Nous avons l’opportunité d’y être différents.

 

 

Quelle a été l’implication de Lasseter ?

Il a été très impliqué dans le processus créatif. Il faut se souvenir que lors de la préparation du premier film, Disney ne voulait pas le faire et nous nous sommes battus pour l’imposer. Ce projet n’aurait pas vu le jour sans John Lasseter. Non seulement il nous a beaucoup influencés mais il s’est battu contre l’exécutif de chez Disney.

Avez-vous repris des idées inutilisées dans le premier film ?

Oui. La plupart de ces idées concernaient Jack-Jack. J’en ai réutilisé certaines pour le court-métrage présent dans le Blu-ray mais il y en avait trop pour un seul film. J’ai notamment repris toute la séquence avec le raton-laveur. On avait adoré cette idée mais on ne savait pas où la mettre. On aimait aussi l’idée que le public sache Jack-Jack a des pouvoirs mais que ses parents l’ignorent. 

Comment avez-vous construit votre méchant ?

Ce film est un hommage aux années 60, qui étaient cools, contrairement aux années 70 qui étaient moches. Et quand je pense à un méchant je vois plutôt ceux des films d’espionnage comme Dr No ou Goldfinger, pas du tout un méchant comme on les voit chez les super-héros. Surtout qu’à l’époque les films avec des super-héros étaient souvent mal fichus avec des méchants ridicules. Les méchants de chez Batman, par exemple, n’étaient pas crédibles. 

 

 

Vous a-t-on proposé de réaliser des films de super-héros ?

Oui, plusieurs fois. Mais ils se sont très bien débrouillés sans moi. En fait, ça ne m’attire pas. J’ai mes propres super-héros et ils me suffisent largement ! 

Les progrès technologiques vous ont-ils aidé ?

Que vous fassiez un film à 200 millions de dollars ou à 20, ce qui compte c’est l’histoire. Bien sûr, il y a de nouvelles technologies, de nouveaux talents dans le monde entier mais le véritable challenge reste les personnages qui, dans tous les cas, sont meilleurs que les effets spéciaux. 

Faudra-t-il attendre quatorze ans pour le prochain ?

Cela me fait penser à quelqu’un qui entrerait dans une salle d’accouchement où la femme a passé quatorze heures à accoucher de son bébé et on lui demande : « Alors, à quand le prochain ? »

 

Propos recueillis par Philippe Durant

Les Indestructibles 2

Sortie le 4 juillet

1h57

 

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