« Misty », histoires d’épouvante et vilaines filles

Anthologie MistyDans les années 70, Misty est un magazine anglais de BD fantastiques écrites pour les adolescentes. Delirium publie une anthologie des meilleurs récits de la revue. De quoi ravir les amateurs de récits insolites à la « Quatrième Dimension » et ceux de beaux dessins en noir et blanc. Une curiosité rafraîchissante.

 

 

À la fin des années 70, le scénariste Pat Mills participe à la création de 2000 AD, un hebdomadaire britannique de science-fiction. Dans les pages de cette revue, les lecteurs découvrent des anti-héros comme Judge Dredd ou Slaine. À cause de son ultra-violence 2000 AD s’adresse essentiellement à un lectorat masculin. Seulement Pat Mills entend aussi proposer aux adolescentes anglaises leur part de frissons…

 

 

Un Frisson dans la nuit

Un an après 2000 AD, le prolifique Pat Mills lance une nouvelle revue d’histoires étranges. Pour trouver son titre, Mills s’inspire du titre original du film Play Misty for me, un thriller avec Clint Eastwood (Un Frisson dans la nuit). Misty propose plusieurs formats différents : des feuilletons à suivre au fil des numéros ou des récits complets. S’il s’agit bien d’histoires d’épouvante, l’horreur s’avère souvent plus psychologique que graphique. L’éditeur français Delirium réunit dans cette anthologie les 3 meilleurs récits, soit les plus emblématiques de la revue.

 

Anthologie Misty

 

Misty : une relecture intéressante du cinéma fantastique des années 70

Ce qui frappe à la lecture de Misty, c’est la façon dont Pat Mills et ses acolytes empruntent allègrement aux classiques du cinéma fantastique des années 70. Des emprunts qu’il convient plus de voir comme des hommages respectueux que des pillages. Ainsi, Moonchild est une relecture réussie du Carrie de Stephen King et de Brian de Palma. Pat Mills, le scénariste, ne se prive pas d’emprunter une scène à L’Exorciste 2 de John Boorman. Dans Les 4 visages d’Eve, les références sont tout aussi évidentes. On tient ici un joli remake à peine dissimulé du film de Robert Wise, Audrey Rose, une formidable histoire de réincarnation.

 

Anthologie Misty

 

« Les Sentinelles », dimension parallèle et peinture sociale

Des 3 récits complets de Misty, Les Sentinelles est sans doute le plus original. Le scénariste Malcom Shaw commence son récit comme une banale histoire de maison hantée. Sauf qu’ici c’est un immeuble entier qui abrite des phénomènes paranormaux. Très vite, l’intrigue prend le lecteur à contrepied : l’immeuble abrite en réalité un portail qui mène vers un autre univers. Ou plus précisément : une dimension parallèle où l’Histoire ne s’est pas tout à fait déroulée comme chez nous… Ajoutez à cela une description sociale très présente, et vous obtenez le récit le plus étonnant et le plus passionnant d’un album original et très agréable !

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

Pat Mills, Malcom Shaw (scénario), Juan Ariza, John Armstrong, Maria Barrera Castell, Mario Capaldi, Brian Delaney (dessin), Anthologie Misty, traduit de l’anglais par Jean-Paul Jennequin et François Peneaud, Delirium, février 2018, 176 pages, 24 euros

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