La solitude du marathonien de la bande dessinée

Vous avez entre les mains ce qui s’apparente à un authentique carnet Moleskine et qui dévoile La Solitude du marathonien de la bande dessinée. Adrian Tomine nous dévoile ses grands moments de solitude tout au long de sa carrière. L’auto-dérision dont il fait preuve nous prouve que les grands dessinateurs savent aussi se faire violence.

Digression et grandes faiblesses

Et qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand Adrian ? Dessinateur célèbre. Voyez-vous ça, célèbre comme Walt Disney ? Non, comme John Romita.

Adrian Tomine écrit ses mémoires, mais pas n’importe lesquels, tous les pires moments d’auteurs. Il raconte sa vie de dessinateur et toutes les phases qui l’ont accompagné jusqu’à aujourd’hui. Dès son enfance en 1982, sa conviction est forte mais incomprise, alors il se renferme sur lui. En 1995 il témoigne de sa première sortie de dédicace en tant qu’auteur et constate que malgré de bonnes critiques, il est inconnu, il est surtout transparent vis-à-vis des groupies. Et malgré ses livres, chaque nouveau déplacement sur un salon ou dédicace est synonyme de grands moments de solitudes, voire de questions embarrassantes jusqu’à l’humiliation. Malgré tout il rencontre sa femme, deux enfants s’en suivent jusqu’au jour d’une épreuve de santé qui va l’affecter. Ce jour où il épanche son cœur et lui donne envie d’un nouveau sujet de BD.

Une vraie pépite

Vous signez (le) livre s’il vous plait ? Avec plaisir, Oh… Alors celui-là il n’est pas de moi !

Ce roman autobio-graphique est une vraie pépite. Le format y est pour beaucoup, la prise en main d’un petit carnet, rend très intimiste la lecture. L’impression d’avoir l’exemplaire unique juste dessiné par l’auteur sur ce papier quadrillé procure une vraie sincérité au roman.

Nous ne saurons si tous les évènements sont authentiques, ils les paraissent en tout cas. Pourquoi vouloir se ridiculiser de la sorte si chaque moment n’est pas vécu.

Le découpage est volontairement académique et identique pour tout le livre. Six cases par page, pas une de plus, cela donne un côté très scolaire, sans artifice qui ne nuit pas du tout à son originalité. Le dessin en noir et blanc quant à lui propose peu de décor et centre la lecture sur l’auteur, les situations mais surtout ses textes.

Xavier de la Verrie

Adrian Tomine, La Solitude du marathonien de la bande dessinée, Cornélius, « Raoul », octobre 2020, 176 pages, 23,50 eur

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