Route 666, bienvenue dans l’enfer de Roger Zelazny

Born to be wild

La Terre a subi durant trois jours le feu nucléaire et des grandes villes comme New York ne sont plus que des cratères fumants. Pourtant, l’humanité a survécu en certains endroits, dont la Californie. La société se maintient et aussi… Les Hell’s Angels. Hell Tanner est le pire (ou le meilleur) d’entre eux. Ayant perdu ses parents très jeunes, il s’est vite endurci, devenant sauvage et violent. Et aimant cela. Il a été condamné pour trafic de drogues, a certainement des meurtres sur la conscience et probablement d’autres crimes encore. La Californie va pourtant lui proposer un marché : convoyer jusqu’à Boston une caisse de vaccins contre la peste qui sévit là-bas. Mais pour se rendre sur la côte Est, il faut emprunter la route 666, pleine de dangers. Tanner accepte de prendre la tête du convoi. Il lui faudra affronter d’autres bikers, des chauves-souris mutantes, des tempêtes et bien d’autres choses encore..

 

Un roman mineur mais à la postérité étonnante

On connaît Roger Zelazny (1937-1995) comme l’auteur du cycle des princes d’Ambre ou de Seigneur de lumière, des romans recyclant la mythologie celtique ou indienne avec bonheur. De plus, Zelazny est aussi un écrivain, c’est-à-dire qu’il a du style (en ce sens, il constitue une des meilleures réponses à ceux qui pensent la science-fiction comme une sous littérature). Route 666, autrefois publié par Lattès sous le titre des Culbuteurs de l’enfer, n’est pas réputé comme un de ses meilleurs romans. De fait, on a lu mieux de sa plume. Reste cependant des descriptions très fortes d’une Amérique devenue un enfer radioactif, thème très fréquent à l’époque de la guerre froide (et qui est susceptible de revenir à la mode vu les rodomontades du président américain actuel).

 

Un air de Mad Max

Enfin, on ne peut pas s’empêcher de penser à Mad Max de George Miller. Le réalisateur australien avait-il lu ce livre ? Zelazny aurait pu lui faire un procès tant les ressemblances abondent, ne serait-ce que si on analyse l’identité des héros : de Hell (donc l’enfer ou l’infernal) Tanner à Mad (le cinglé) Max. D’un enfer à l’autre, a-t-on envie de dire. Voici une preuve supplémentaire que l’imagination de cette génération d’écrivains a « infusé » des cinéastes ultérieurs (James Cameron, pour Avatar, s’est bien inspiré d’une demi-douzaine d’auteurs différents, dont Anne McCaffrey et Poul Anderson). À redécouvrir donc.

 

Sylvain Bonnet

Roger Zelazny, Route 666, traduit de l’anglais (États-Unis) par Thomas Bauduret, Mnémos Hélios poche, janvier 2018, pages, 8,90 euros

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