Senso d’Alfred, gracieuse ode à la liberté


Avec Senso Alfred éveille nos sens et nous pousse à un soupçon de liberté en suivant notre instinct. Il revient sur ses terres natales en Italie après un passage à Angoulême où après sa résidence il avait produit au printemps le très beau La Belle saison. Cette fois-ci trois environnements graphiques se font face dont une tranche d’érotisme aiguise notre envie d’aller plus loin.

Je n’ai plus le corps de mes 20 ans. Vous ne m’auriez pas autant plus à 20 ans. Dis, tu comptes rester à me regarder sans rien faire encore longtemps ? Ça devient un peu gênant »

Paumé, impassible mais déterminé

Germano a le super pouvoir de s’attirer les pires ennuis ou catastrophes. Il part rejoindre sa fille qui expose ses photos mais entre les grèves de train et la chaleur qui accable homme et machine, rien ne se passe comme prévu, problèmes de correspondances, personne pour l’attendre à l’arrivée et pour couronner le tout l’hôtel a revendu sa chambre. Il se retrouve à l’abandon dans cet immense établissement et pourtant il prend la vie du bon côté jusqu’à s’immiscer dans le mariage qui a réservé les lieux.

La providence est de tomber sur un vieux camarade de chambrée, Vico, qui est aussi le propriétaire de l’hôtel et l’homme qui se marie. Germano va de fil en aiguille avoir des aventures saugrenues avec l’une des ex-femmes de Vico, également  invitée à la fête.

Une belle histoire à la dérive positive

Un livre sur l’optimisme, celui qui peut nous surprendre quand on ne l’attend pas, celui que l’on doit avoir au fond de soit pour nous faire avancer.

Par son style narratif, Alfred nous fait divaguer dans la thérapie du pardon de soi et de l’accomplissement du but à suivre.

Les deux personnages principaux sont attachants. Mais ce qui nous surprend ce sont les grands décors qui remplissent de pleines pages tels des tableaux et bousculent nos sentiments entre la contemplation et le désarroi.

Le travail des couleurs est fascinant. Il exprime les contraires, la lourdeur et l’épaisseur de la chaleur sous des tonalités ocres jaunes et l’apaisement de la nuit ceinturée de bleus intenses.

Avec Alfred la poésie n’est jamais bien loin même avec une parcelle d’érotisme qui s’installe pour témoigner aussi que l’été est synonyme de lâcher prise.

Xavier de la Verrie

Alfred (dessin & scénario), Senso, récit complet, Delcourt, octobre 2019, 192 pages, 23,95 eur

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