Le temps fut, invitation au voyage temporel

Parcours d’un géant de la science-fiction  

Dès son premier roman, Desolation Road (Robert Laffont, 1989), Ian McDonald frappa fort et imposa un style et un ton qui lui étaient propres. Et certains n’hésitèrent pas à le comparer à Ray Bradbury. Il confirma (enfin) les espoirs placés en lui avec des romans comme Brasyl, Le Fleuve des dieux (Denoël, 2010), La Maison des derviches et Luna. Sa méthode est simple : proposer des fictions immergées dans des sociétés non-européennes en proie à des changements ou des défis technologiques. McDonald est aussi nouvelliste, beaucoup de ses premières nouvelles furent rassemblées dans le recueil Etat de rêve. En ce début d’année, les éditions Le Bélial proposent une novella, Le Temps fut, dans leur fameuse collection « Une heure lumière ».  

Les vieux livres sont plein de surprises 

Bouquiniste, Emmett Leigh écume les marchés aux livres, toujours à la recherche de perles rares dans son domaine de prédilection, les ouvrages de guerre. Attiré par la liquidation de la librairie d’un confrère, son œil est attiré par un recueil de poésie, Le Temps fut. Les poèmes ne valent pas tripette mais il trouve à l’intérieur une lettre d’un certain Tom adressée à son amant, Ben, durant la seconde guerre mondiale. Intrigué, il fait des recherches sur Internet et trouve leur trace en Egypte avant la bataille d’El Alamein, à travers le courrier laissé par l’arrière-grand-père d’une certaine Thorn, dont Emet s’amourache un peu. Emmett contacte une spécialiste qui retrouve une photo où on retrouve Tom et Ben… Durant la Grande guerre : 

Quelqu’un les avait pris en photo devant un pub du Norfolk. Ils s’étaient rués dans le nuage mystérieux. Vingt-quatre ans plus tard, ils figuraient sur un autre cliché pris devant le Sphinx.

Sur celui de Sandringham, ils étaient plus âgés que leurs camarades. La trentaine. Sur celui de Gizeh, ils auraient dû en avoir au moins quarante-cinq. Nous avons placé les deux photographies l’un à côté de l’autre. Ils ne semblaient pas avoir vieilli d’un seul jour. 

Emmett se retrouve devant une énigme…  

Un récit dense et rythmé 

Le Temps fut, on l’aura compris, est une histoire de voyage dans le temps. Elle entrelace ce thème typique de la SF avec la guerre et aussi la physique quantique (non, je ne spoilerai pas). La sauce prend car McDonald sait mener son récit, lui donner du rythme, avec son lot de révélations et jusqu’à la chute finale. Sans être un chef d’œuvre total et éloignée des univers de ses derniers romans, Le Temps fut est en tout cas une belle réussite. Il offre aussi une occasion de découvrir une nouvelle facette du talent de Ian McDonald.  

Sylvain Bonnet 

Ian McDonald, Le Temps fut, traduit de l’anglais par Gilles Goullet, couverture d’Aurélien Police, Le bélial, « Une heure lumière », février 2020, 144 pages, 9,90 eur

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