SS-GB, Scotland Yard contre les nazis

Un écrivain touche-à-tout

Né en 1929, Len Deighton s’est fait remarquer en publiant en 1962 Le Dossier Ipcress. Il s’agissait d’un roman d’espionnage où le héros est un anti-James Bond, une sorte de fonctionnaire passe-partout. Par son ton, le roman est proche de l’œuvre de jeunesse de John Le Carré. Il a ensuite consacré une série d’espionnage à son héros Bernard Samson, dont les volumes ont été publiés entre 1983 et 1996. Deighton a aussi écrit en tant qu’historien sur la seconde Guerre Mondiale. Cela a pu influencer SS-GB, uchronie policière sortie en Grande-Bretagne en 1978. Ici, les Allemands ont envahi l’Angleterre et infligent aux britanniques une occupation sévère. En France, l’ouvrage fut publié en 1979 par Fayard et a  bénéficié début 1017 d’une réédition chez Denoël dans la collection « Sueurs froides ».

 

 

Une enquête à haut risques

Le débarquement a fonctionné et les allemands occupent l’Angleterre. Le Roi est enfermé à la tour de Londres tandis que Churchill a été fusillé à Berlin. Cela n’empêche pas le commissaire Douglas Archer de continuer ses investigations, sous l’égide du général Kellerman. Il doit juste protéger Harry Woods, son mentor, qui a un peu trop tendance à mépriser les maîtres du jour… Archer se voit confier l’enquête sur la mort du docteur Spode, un physicien employé par les nazis. Spode souffrait de blessures très particulières qui attirent l’attention d’Archer. Ses investigations, sous l’égide allemande, lui font découvrir les ambitions atomiques du IIIe Reich qui n’hésite pas à mobiliser les scientifiques anglais. Il entre aussi en contact avec la résistance anglaise qui est en lien avec l’Abwehr, le service de renseignements de la Wehrmacht. Leur but est simple : faire évader le Roi et faire échouer les ambitions atomiques des nazis. Archer n’est pas au bout de ses peines.

 

 

Un roman solide

La lecture agréable de SS-GB fait penser à la trilogie du « subtil changement » de Jo Walton, sorti chez Denoël dans la collection Lunes d’Encre : il n’est pas possible que Walton ignore le roman de Deighton tant les ressemblances abondent : une uchronie où les nazis l’emportent, le choix d’un inspecteur de Scotland Yard comme personnage principal, etc. Au-delà de cette comparaison, SS-GB tient la route. Le suspense est bien mené, les personnages sont bien typés. Ici et là, l’historien pourra être agacé par certains raccourcis mais Deighton ne pouvait non plus en 1978 avoir conscience des progrès ultérieurs de l’historiographie du IIIe Reich.

Voici donc un roman relevant de deux genres, policier et science-fiction, qui tient encore bien la route. La BBC en a tiré une série dont vous pouvez voir ci-dessous la bande-annonce (en vo) : espérons qu’elle sera de qualité.

 

 

Sylvain Bonnet

 

Len Deighton, SS-GB, Denoël, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Jean Rosenthal, janvier 2017, 464 pages, 21,90 euros

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