« Tristan » de Clarence Boulay


Tristan da Cunha est un archipel de l’océan Atlantique, à mi-chemin entre Le Cap et l’Uruguay, au sud de Sainte Hélène. Il a été découvert en 1506 par le navigateur portugais Tristao da Cunha, puis passa ensuite sous pavillon britannique. C’est dans ces îles inhospitalières, battues par les vents, que Clarence Boulay a passé huit mois, au milieu d’une petite communauté de pêcheurs et de leurs familles. Comme eux, elle apprit à trouver du poisson malgré les tempêtes, à dénicher les pétrels, à accommoder les pommes de terre de leurs jardins de toutes les façons, et à traire leur vache tous les matins. 

Son livre est sobrement baptisé Tristan, et raconte cette vie loin de tout, le long de côtes où s’échouent des éléphants de mer aussi bien que des navires pétroliers. Il raconte aussi l’ennui, la monotonie, l’hiver, la solidarité sans faille des hommes, et leur incroyable capacité à tenir leur langue aussi bien qu’à garder leurs secrets. 

La houle obsédante du dehors, et tous les non-dits accumulés, agissent sur le cœur de la narratrice, qui tombe évidemment amoureuse d’un prince charmant plus vrai que nature. Mais sur ce caillou volcanique, où les manchots et les skuas se battent pour leur survie, les hommes doivent aussi se battre pour assurer des lendemains incertains. Et la première pétroleuse venue du continent n’est pas partout la bienvenue. 

En bonne scénographe, Clarence Boulay a campé le décor qu’il faut et trouvé les personnages attachants, pour trousser une petite histoire au goût salé des mers lointaines. C’est un  premier roman, et à ce titre, fort prometteur. Bon vent à ce nouveau capitaine des courses au large, dont les voyages intérieurs sont aussi au long cours !  

Didier Ters

Clarence Boulay, Tristan, Sabine Wespieser Editeur, janvier 2018, 180 pages, 18 eur

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