Les survivants du ciel, la rage de vivre

Voilà une nouvelle autrice : Kritika H. Rao. Elle a vécu en Inde, en Australie et à Oman, une vraie cosmopolite donc. Les survivants du ciel se veut le premier volume d’une trilogie intitulé Le cycle des rages. Beau programme !

Un couple se déchire tandis que leur monde s’effondre

Une catastrophe a forcé l’humanité à construire des cités végétales et à se réfugier dans les cieux, grâce à une magie entretenue par les Architectes, capables de trajection : en gros, cela revient à se déplacer dans les airs et à contrôler également la matière en lévitation. Iravan est l’un d’eux :

« La vision d’Iravan était scindée en deux images, comme toujours quand il trajectait.

Dans la première, il se tenait au milieu de la cour en expansion, serrant et desserrant les dents tout en regardant son épouse s’éloigner. Ses doigts le démangeaient. Il piétinait. Il respirait mal : il avait envie de la suivre, de lui pardonner, de se soumettre à elle. Il se força à se calmer. »

Si puissant soit-il, Iravan aime sa femme Ahilya, une archéologue en conflit avec le conseil des architectes. Et puis il voudrait un enfant et elle, non. Ils sont fâchés. Quand Ahilya monte une expédition, Iravan s’invite. Mais cela tourne mal, la forêt est prise d’une crise de rage. Iravan trajecte jusqu’à leur cité flottante et sauve sa femme… mais sacrifie son apprenti, Oam. Pire : on le soupçonne d’être au bord de l’extase vu ses efforts. Or, lors de l’extase, un architecte perd le contrôle de ses pouvoirs et il faut alors l’exciser (lui enlever ses pouvoirs) pour l’empêcher de mettre en péril la cité. Iravan va devoir subir le test tandis qu’Ahilya le déteste. Mais la haine est toujours proche de l’amour. Les deux vont devoir se réconcilier tant leur cité s’avère menacée… Et qu’un retour aux origines de leur civilisation s’impose.

Un roman entre SF et fantasy

Les survivants du ciel est un curieux objet nous transportant sur une planète ressemblant à la Terre avec une civilisation où la science ressemble à de la magie et la trajection à un pouvoir de mutant (les X-men de Marvel ne sont pas loin). Là-dessus se greffe une intrigue mettant en scène un couple en crise, dans un univers lui aussi en crise. Pourquoi pas ? Kritka H. Rao a réussi en tout cas à intéresser le lecteur blasé, parfois ému par le dialogue entre Iravan et Ahilya. Et la fin révèle bien des choses sur les origines de ce monde.

Un roman qui vaut le coup d’être essayé.

Sylvain Bonnet

Kritika H. Rao, Les survivants du ciel, traduit de l’anglais par Florence Bury, Albin Michel « imaginaire », illustration de couverture de Didier Graffet, août 2025, pages, 24,90 euros

Laisser un commentaire