10 classiques du cinéma d’angoisse pour se faire peur à Halloween.

Mesdames et messieurs, bienvenue dans un article qui vous mettra les foies, à la lecture duquel vous aurez les miquettes, les chocottes et les grelots !
Entrez dans le train de la grande trouille ! tremblez carcasses ! et découvrez avec nous les dix grands manèges de la terreur en cinémascope.

 

 

1. Evil Dead – Sam Raimi, 1982

Film au budget serré, tourné dans des conditions extrêmement compliquées, Evil Dead est LE film culte par excellence, mais pas seulement, puisqu’il a été présenté à Cannes et qu’il pousse à son paroxysme la folie graphique du gore.
Le scénario est simplissime : des jeunes gens passent leur week-end dans une cabane perdue en pleine forêt, y trouvent un enregistrement qu’ils décident d’écouter. C’est ballot, il s’agit d’une incantation qui déclenche une série de possessions démoniaques.
S’ensuit un barnum horrifique et jouissif, servi par une réalisation hystérique, des effets spéciaux particulièrement répugnants et une interprétation joyeusement sur-jouée. Ce qui, chez d’autres, signerait l’arrêt de mort du film, est ici magnifié par un savoir-faire remarquable qui posera les fondations d’un genre marginal mais ô combien réjouissant par ses excès, sa folie et son humour à la truelle !
Ici, il n’est point question de finesse ou de subtilité mais plutôt de dresser un autel à tout ce qui répugne et repousse, dégoûte et fascine !

 

 

2. The Haunting (La Maison du Diable) – Robert Wise, 1963

Tourné en noir et blanc, The Haunting est probablement le film le plus terrifiant de ce petit panel. Jouant sur les contrastes entre ombre et lumière, le cris et chuchotements, grincements des portes et craquements du bois, ce film est une démonstration magistrale de l’art d’effrayer en s’appuyant sur l’ellipse et l’esquive. En artisan en parfaite maîtrise de son art, Wise construit son long métrage en s’appuyant, non pas sur des visuels spectaculaires, mais sur le spectateur lui-même : en suggérant plutôt qu’en montrant, le réalisateur agace nos nerfs, nous transformant de fait en architectes de notre propre terreur, jouets d’une implacable montée en tension.
Du très grand art où la réalisation du film est toute entière au service d’un récit certes classique -il s’agit ici d’une histoire de maison hantée- mais qui réussit à faire sursauter au moindre bruit, où tout mouvement périphérique devient suspect, où les ombres cachent l’indicible.

 

 

3. Alien – Ridley Scott, 1979

Alien, c’est avant tout une créature, le Xénomorphe, une scène, celle de l’éventration de John Hurt lors de la « naissance » de ce dernier et un personnage, Ellen Ripley.
Alien, c’est aussi une ambiance lourde et moite, une étouffante claustrophobie accentuée par le lieu même de l’action : un vaisseau spatial déliquescent perdu au milieu de l’espace, décor d’un envahissant sentiment d’impuissance totale face à un prédateur sans états d’âme.
Présenté trop souvent comme étant soit un film de SF, soit un film d’horreur, Alien appartient en réalité pleinement aux deux genres, y empruntant de manière égale, les entremêlant en un habile mélange qui fera école par la suite (Event Horizon, The Thing, Cube, Pitch Black, etc.). Qu’en dire encore si ce n’est évoquer les visuels autant hallucinants qu’horrifiques de l’immense H.R. Giger et la créature elle-même, plus devinée que vue, acquérant ainsi une dimension presque mythologique de toute-puissance mortifère.

 

 

 

 

 4. Dawn Of The Dead (Zombie, Le Crépuscule des Morts Vivants) – George Romero, 1978

On ne dira jamais assez tout le bien qu’il faut penser de la trilogie originelle de George Romero qui, outre le fait qu’elle est devenue un classique incontournable du cinéma d’épouvante, est une œuvre qui véhicule une cinglante et salutaire critique des travers de nos sociétés occidentales.
Si le premier opus, Night Of The Living Dead est une charge acide contre le racisme et le troisième (Day Of The Dead) un pamphlet antimilitariste assez peu subtil, Dawn Of The Dead est, à mon sens, le plus réussi des trois.
Romero prend le parti de placer l’action de son film dans un immense centre commercial dans lequel ses personnages trouvent refuge, tentant d’échapper à la horde de morts-vivants à leur trousses. Le lieu n’est pas choisi au hasard : le réalisateur veut -à travers le comportement de ses héros et celui des zombies- charger la mule en matière de condamnation du consumérisme à outrance. Il y réussit pleinement. D’abord lors de cette scène surréaliste où les personnages prisonniers du gigantesque shopping-mall font leurs « emplettes », oublieux de l’enfer qui les attend à l’extérieur ; puis surtout dans cette image des zombies s’écrasant sur les portes fermées du centre commercial tels des amateurs de soldes en putréfaction lors d’un Black Friday d’apocalypse.
Zombie est un film méchant, cinglant et teigneux mais terriblement lucide, qui a, de surcroit, l’avantage de favoriser la pousse de neurones chez son spectateur, contrairement à d’autres œuvres sur le sujet.
Je me comprends.

 

 

5. The Thing – John Carpenter, 1982

Disons-le tout de go, The Thing est parmi les trois meilleurs films de Carpenter avec Le Prince des Ténèbres (Prince of Darkness) et L’Antre de La Folie (In The Mouth Of Madness) et sûrement un des meilleurs films du genre. Voilà, c’est dit, ne discutez pas. Non mais.
Adapté d’une nouvelle de John W. Campbell, The Thing réunit toutes les qualités — ou presque — des films précédemment cités : intelligence du propos, monstre emblématique, suggestion autant que démonstration de l’horreur, claustrophobie, et une impressionnante maîtrise de la montée en tension du récit jusqu’à — littéralement — l’explosion finale.
Comme dans Alien, la créature est une des grandes réussites de ce long-métrage, prenant des formes dérangeantes et improbables et tuant de manière créative, cruelle et inattendue.
On sent, par ailleurs, que le réalisateur a pris un plaisir sadique à mettre en scène ce huis-clos sanglant et paranoïaque en détruisant méthodiquement les liens unissant les personnages face à un danger incarné par un extraterrestre protéiforme et sournois.
Il épuise ses protagonistes, piétine tout repère moral en faisant de la survie pure et simple — même temporaire — l’enjeu majeur. Le paroxysme de cette folie qui va grandissant est atteint dans la scène du test sanguin qui déterminera qui est « infecté » par le monstre. Magistral.
The Thing est un chef-d’œuvre à la fois intelligent et couillu, un classique indémodable et indépassable qui influencera toute une génération de cinéastes (Tarantino et Rodriguez en tête) et donnera, en outre, son meilleur rôle au monolithique Kurt Russel.
Que demander de plus ? Que la musique soit composée par Ennio Morricone ?
Ce sera tout ?

 

 

6. Village of The Damned (Le Village des Damnés ) – Wolf Rilla, 1960

Toute la population du village de Midwitch perd soudainement connaissance pendant plusieurs heures. Après que tout ce beau monde ait repris conscience, 12 femmes et jeunes filles se retrouvent enceintes et accouchent en même temps d’enfants très similaires, blonds platine aux yeux très étranges.
Dotés de mystérieuses capacités télépathiques, ces enfants grandissent très vite, trop vite, à tel point qu’ils commencent à inquiéter la population et les autorités.
Le film, servi par un belle esthétique noir et blanc, met ainsi en scène une lutte de pouvoir silencieuse entre ces bambins bien décidés à se défendre, quitte à faire usages de leurs capacités pour manipuler et tuer toute menace potentielle, et des adultes démunis face à des créatures dont ils finissent par comprendre qu’elles ne sont probablement pas humaines.
Récit dérangeant par son sujet -des enfants monstrueux et meurtriers- autant que par sa fin qui verra leur trépas violent, Le Village des Damnés fait montre d’une maîtrise certaine de l’art cinématographique d’inquiéter, et aura droit à une suite (Children of The Damned, 1964) et à un remake par John Carpenter en 1995 (film peu réussi pour le coup).
A noter que l’histoire est inspirée par le roman de John Wyndham Les Coucous de Midwitch.

 

 

 

7. Shining – Stanley Kubrick, 1980

Disons-le sans trembler des genoux, Shining est la parfaite démonstration  qu’un film peut être à la fois la médiocre adaptation d’un livre tout en étant, en soi, une œuvre cinématographique majeure. Comme Blade Runner en somme.
Que dire qui n’ait été dit cent fois déjà ? Tournage épouvantable pour la pauvre Shelley Duvall, numéro d’acteur exceptionnel de Jack Nicholson (“Daaannnyyyy !”), la performance étonnante du très jeune Danny Lloyd, photographie superbe, des scènes d’anthologie (qui n’a pas frémi d’horreur devant le torrent de sang dévalant les couloirs de l’hôtel Overlook ?) et ce final, mon dieu, ce final…
Shining est sans doute possible le zénith du cinéma d’horreur, et prouve que, peu importe le genre d’un film, si l’on met un récit dans les mains d’un visionnaire, celui-ci sera magnifié, transcendé, et permettra à l’objet d’atteindre toute la hauteur nécessaire pour gagner le statut de chef-d’œuvre.

 

 

8. Event Horizon (Le Vaisseau de l’Angoisse) – Paul S. Anderson 1997.

Si je vous dis qu’il est possible de concilier SF hard-science et horreur, sans obtenir au final un mélange indigeste, mal fichu et bancal, vous me conseillerez probablement d’aller consulter. Et dans la plupart des cas, vous aurez raison. Mais Event Horizon existe, Dieu merci.
Enfin Dieu
Envoyés en mission de secours vers le vaisseau Event Horizon, réapparu près de Neptune après s’être évaporé des années auparavant, un groupe d’astronautes va devoir faire toute la lumière -si l’on peut dire- sur ce qui s’est produit. Car si le vaisseau spatial a bien refait surface, c’est sans son équipage. Qu’est-il advenu de celui-ci, et où le vaisseau a t-il bien pu passer toutes ces années ? la réponse, car réponse il y aura, dépasse en horreur absolue tout ce que peuvent imaginer les sauveteurs et les spectateurs. Traversé d’images quasi subliminales parfaitement ignobles, mettant en scène de manière millimétrée la terreur qui submerge l’équipage puis la lente et inexorable plongée dans la folie du génial Sam Neill, Event Horizon est une série B très réussie (et seul film regardable de son réalisateur, d’ailleurs) qui doit figurer dans toute vidéothèque horreur et SF digne de ce nom.

 

 

9. The Exorcist (L’Exorciste)– William Friedkin, 1973

Impossible, si l’on ambitionne de lister des classiques de l’horreur, de ne pas évoquer L’Exorciste. Tiré du roman éponyme de Willam Peter Blatty (présenté comme une histoire vraie, il s’en trouve pour le croire), le film est devenu avec le temps une sorte de maître-étalon du film d’épouvante, et c’est largement mérité. Il faut dire que le long métrage cumule les qualités et impose des règles presque canoniques pour ceux qui suivront.
Il est, en outre, très ancré dans l’imagerie mystique du catholicisme en mettant en jeu l’opposition fondamentale autant que formelle du bien et du mal.
Rythme millimétré, photographie sublime, savant contrôle de la montée en tension, usage parcimonieux mais parfaitement juste des scènes chocs et des visuels horrifiques, font de L’Exorciste une sorte de monument érigé à la gloire de la terreur.
Ajoutons à cela un casting impeccable — Max Von Sydow en tête — et nous avons là un film qui, dans son genre, n’est pas loin de la perfection.

 

 

10. Halloween – John Carpenter, 1978

Comment ? encore un film de John Carpenter ?
Dites-vous bien, chers lecteurs, que s’il ne tenait qu’à moi il y en aurait probablement huit autres, mais, objectivité et rédac-chef grognon oblige, il fallait faire preuve d’un brin de diversité. Dont acte.
Mais à l’impossible nul n’étant tenu, il m’était douloureux de ne pas citer le réalisateur au moins deux fois, à raison, si je puis me permettre cette petite vanité.
Pour commencer nous dirons qu’Halloween peut être considéré – au même titre que le film précédent — comme l’épitome d’un sous-genre, ici, le slasher-movie.
Tout entier dédié à représenter des meurtres brutaux, graphiquement très explicites, le slasher évacue  l’idée du surnaturel -à l’origine en tout cas- pour se concentrer exclusivement sur le curieux hobby des sociopathes qui consiste à zigouiller en masse des donzelles promptes à percer les tympans en cas de péril immédiat.
Mais foin de plaisanteries, car le propos de ce film est sérieux dans sa représentation de Michael Myers comme un mal invincible et éternel, visant à toujours pourchasser l’innocence et aussi punir -nous parlons ici d’un zeitgeist éminemment puritain et par essence parfaitement hypocrite- les coupables du péché de chair.

 

Éric Delzard

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