Les Immortels : l’au-delà chez les pharaons

Annoncé comme « un voyage parmi les plus belles découvertes archéologiques que l’Égypte nous ait laissées », The Immortals commence, comme de juste, au célèbre Museo Egizio de Turin, avec, pour nous accueillir, un guide qui a les traits de Jeremy Irons. La mort ayant l’importance que l’on sait dans la religion égyptienne, celui-ci nous invite à suivre les traces de l’architecte Kha, lequel avait une tombe impressionnante : il l’avait très probablement conçue et fait construire lui-même « à l’avance », puisqu’il avait pour spécialité l’édification des tombeaux de hauts dignitaires. Rien n’est plus important que les rites funéraires pour les Égyptiens si l’on veut garantir au défunt l’éternité après la mort. Il convient, entre autres, de conserver son corps intact, d’où la momification. L’on apprend aussi que les statues, qui sont comme des doubles des disparus, peuvent contribuer à assurer cette éternité.

Même si on ne partage pas – même si on ne partage plus aujourd’hui ces croyances, elles trouvent d’une certaine manière une confirmation à travers ces momies qui ont traversé le temps sans (trop) en subir les outrages. Le temps et aussi l’espace, car l’Égypte ancienne est aujourd’hui dans tous les grands musées du monde, et loin de se cantonner à Turin, le film nous offre un « grand tour » à travers d’autres musées célèbres, le Louvre à Paris, le British Museum à Londres, l’Ägyptischen Museum à Berlin, et bien entendu le musée du Caire, chaque étape étant introduite par une brève présentation du conservateur ou de la conservatrice du lieu.

Mais c’est là que les choses se compliquent un peu. Si cette diversité montre bien à quel point la civilisation égyptienne a pu marquer l’histoire des hommes, elle donne aussi le tournis au spectateur profane, le fil directeur annoncé au départ par Jeremy Irons se perdant un peu dans cette accumulation d’informations, d’autant plus que, si le comédien réapparaît régulièrement pour nous guider jusqu’au bout du voyage, il se livre assez souvent — chose surprenante chez lui, qu’on connaît plutôt sobre dans son jeu — à un cabotinage qui fait oublier le décor sur lequel il est censé attirer notre attention. Roulements d’yeux et voix caverneuse sous prétexte que le sujet est la mort — disons qu’on aurait sans doute pu opter pour un autre type de « mise en scène ».

Ces Immortels, bien sûr, méritent d’être vus, mais non pas tant comme un documentaire épuisant son sujet que comme une espèce de bande annonce incitant à aller visiter soi-même tous ces musées qui défilent. Ou tout simplement à se plonger dans des ouvrages sur l’Égypte ancienne. Ce qui n’est déjà pas si mal.

FAL

The Immortals : The Wonder of the Museo Egizio, un film de Michèle Mally, avec Jeremy Irons, juillet 2024, 95 minutes

Laisser un commentaire