« 2084 », le roman qui dénonce l’islamisation

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Boualem Sansal est né en 1949 en Algérie. Fortement critique concernant le système politique algérien, farouche opposant à la montée de l’islamisme, il est aujourd’hui censuré dans son pays d’origine et boycotté dans de nombreux pays arabes. Après plusieurs écrits dénonçant la corruption politique en Algérie et comparant l’islamisme au nazisme, il revient en 2015 avec son ouvrage 2084, La fin du monde, qui a par ailleurs reçu le Grand Prix du roman de l’Académie française la même année.

 

« A Yölah nous appartenons, à Abi nous obéissons » 

Avec 2084, Boualem Sansal nous propulse dans un futur éloigné et dans un pays imaginaire, l’Abistan.

L’Abistan est une dictature religieuse. La vie y est régulée par la soumission à Yölah, Dieu, au travers de son prophète Abi, homme éternel et que personne n’a jamais vu en chair et en os, du Gkabul, le livre saint qui énonce toutes les règles de vie, et l’Abilang, la langue nationale.

La population y est totalement contrôlée, sans possibilité de réaliser le moindre écart, que ce soit par les actes ou seulement la pensée. Une police secrète est mise en place, capable selon les dires de lire dans l’esprit des gens, la délation entre voisins est récompensée, la population est invitée à s’auto-critiquer. Dès qu’une personne est considérée comme makouf, ou mécréant, elle disparait, tout simplement.

Ati a grandit dans ce pays, bercé par les mythes de la création de l’Abistan, en 2084. Avant, il n’y avait rien. Yölah et tout, et il n’y a rien en dehors de l’Abistan.

Et pourtant Ati s’interroge. Suite à son séjour dans un sanatorium, sa pensée se remet peu à peu à fonctionner par elle-même. Il rêve de liberté. Il veut connaître la vérité. Et il n’est pas le seul. Au fil de ces rencontres il décide de se rendre au coeur de l’Abistan, à la Cité de Dieu, et obtenir des réponses…

 

2084 : des références à 1984 et une dénonciation de l’Islamisation

Magnifique clin d’oeil au roman 1984 de George Orwell, 2084 pourrait presque être considéré comme une suite tellement les références y sont nombreuses. Ainsi dès le début on apprend que Abi, le prophète, est surnommé Bigaye, ou Big Eye, par les Renégats. Le rapport à Big Brother ne semble pas très compliqué à réaliser.

Les références sont encore plus criantes à la fin du livre : « Il saurait que le seul pays qui avait résisté aux forces de l’Abistan, […] gouverné par un dictateur fou nommé Big Brother […] était l’Angsoc ». On y apprend également que l’Abistan s’est inspiré du novlangue afin de créer l’Abilang, langage simple avec un vocabulaire limité, permettant de contrôler encore plus facilement la population. L’endoctrinement est donc complet, sans espoir.

2084, la fin du monde

Cependant, se serait vider 2084 de sa substance si on ne faisait que le rapprochement avec 1984. Le dernier ouvrage de Boualem Sansal est loin d’être une pâle copie de son prédécesseur. L’auteur y fait encore preuve de son engagement en dénonçant l’islamisme et l’horreur d’un monde soumis à une religion extrêmiste. Tout au long du livre, le vocabulaire choisi y fait référence, que l’on parle de la Juste Fraternité (comment ne pas faire le rapprochement avec les Frères Musulmans), de Guerre Sainte, ou bien encore de Martyres.

Et pourtant dès le début du livre l’auteur nous prévient : « Non, véritablement, tout est inventé, les personnages, les faits, et le reste, et la preuve en est que le récit se déroule dans un futur lointain, dans un univers lointain qui ne ressemble en rien au nôtre ». Une sacrée touche de sarcasme dès la première page…

Construisant son roman comme une grande parabole, Boualem Sansal se positionne une fois de plus comme un ardent défenseur de la liberté ainsi qu’un résistant obstiné face à l’islamisation galopante et ose le défi de l’intelligence.

« Dormez tranquilles, bonnes gens, tout est parfaitement faux et le reste est sous contrôle »

 

Margot Baudonivie

 

Boualem Sansal, 2084 la fin du monde, Gallimard, « Folio »,  mars 2017, 336 pages, 7,70 euros

 

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