Alain Delon, le dernier guépard, l’album d’une vie

Ne nous voilons pas la face, Alain Delon compte parmi les derniers monstres sacrés du cinéma français. Autour de lui ne restent que Belmondo, Trintignant et Bardot. La race des dinosaures est en train de s’éteindre. Il paraît, donc, logique que des hommages lui soient rendus de son vivant. Il y eut la Palme d’Or d’honneur à Cannes et il y a désormais des livres dont il est l’objet. 

Une profusion de photos

Alain Delon, le dernier guépard se présente sous forme d’album à la conception fluide et agréable. 

Ce qui frappe d’emblée et la profusion de photos et, surtout, leur originalité. Des clichés souvent rares, toujours bien choisis, qui — même si tel n’est pas leur but premier — rappellent l’insolente beauté de Delon. Une beauté qui transperce l’objectif, quelle que soit la situation. Ça en devient presque incroyable. 

Au-delà de ce constat, on retrouve sa détermination que cachent mal ses nombreux sourires. On a beaucoup dit que Delon est un félin — en référence aux titres de certains de ses films — mais cela va bien au-delà. Ces clichés démontrent qu’il est une sorte de trou noir qui attire tout vers lui : les regards, les caméras et même les commentaires. C’est sans doute cela qui fait une star : un centre vers lequel tout converge, qu’on le veuille ou non.

Donc, cet album grand format est une invitation à suivre Delon dans sa vie et dans ses films. Tout y est montré et même vraiment tout comme le prouvent les images des pages 150 et 151 !

Les grandes lignes d’un parcours

Autour de ces illustrations, un texte nous retrace les grandes lignes du parcours d’Alain. Plutôt de ses parcours parce que — même si le cinéma reste la colonne vertébrale de sa carrière — il s’est beaucoup dispersé. Beaucoup trop, affirment ses détracteurs. C’est un homme qui n’a jamais tenu en place et qui a fait feu de tout bois, quitte à se brûler une main entière. 

Ses grands films sont, bien entendu, au rendez-vous et l’on oubliera les erreurs dans lesquelles il s’est fourvoyé. Qui a envie de revoir L’Ours en peluche et Le Jour et la nuit, excepté pour se bidonner lors d’une soirée bien arrosée ? 

Le texte a l’originalité d’une part de ne pas prendre parti et, d’autre part, de citer de nombreux extraits d’interviews d’Alain. Presque comme s’il nous accompagnait tout au long de la lecture. 

N’attendez pas de révélations sur l’affaire Markovic, ni de liste détaillée de ses nombreuses maîtresses mais retrouvez avec plaisir une carrière qui, sans être forcément exemplaire, reste unique en son genre. 

un bel hommage

La liste des œuvres majeures est impressionnante mais c’est au lecteur de l’établir lui-même, en fonction de ses souvenirs, de ses goûts. Pour l’aider dans cette démarche, cet album tombe à pic. 

Presque l’album de famille d’un grand-frère que l’on suit depuis des décennies. Un frère qui nous séduit souvent, nous dérange parfois mais qui nous a longtemps été indispensable. 

Les dinosaures finiront par disparaitre mais il nous restera toujours les empreintes qu’ils ont laissées sur la pellicule et, désormais, dans les bibliothèques.

Alain Delon mérite cet hommage que lui rendent les éditions Gründ.

Philippe Durant

Baptiste Vignol, Alain Delon, le dernier guépard, Gründ, 240 pages, novembre 2020, 29,95 eur

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