Apprendre à faire l’amour, le grand mystère
Philosophe, direction de la rédaction de Philosophie magazine, Alexandre Lacroix est aussi l’auteur de Comment vivre lorsqu’on ne croit en rien ? (Flammarion, 2018) et de Microréflexions (Flammarion, 2021). En 2022, il a publié aux éditions Allary un essai au titre provocant et provocateur, Apprendre à faire l’amour, repris l’année suivante dans la collection « champs » de Flammarion. Pour éviter des polémiques, il concède dès son introduction que son livre aura ses limites, c’est-à-dire que l’auteur est un homme, hétérosexuel. Soit, c’est posé.
Dépasser le « Freudporn »
Notre auteur commence par forger un concept, le Freudporn, tiré de la confrontation entre l’imaginaire sexuel issu de la culture porno et Freud car, pour Lacroix, tous deux sont obsédés par la scène du coït, la pénétration du sexe de la femme, bref l’efficacité. Alexandre Lacroix a beau jeu ensuite, dans de brefs chapitres, de démontrer l’importance des préliminaires, l’importance de la parole et du fantasme, sans compter plein d’autres paramètres (les positions, le rythme) pouvant stimuler chaque partenaire. Et surtout, nous dit-il avec raison selon moi, de sortir du culte de la performance.
Le plus grand des moments
Au fond, lorsqu’on termine la lecture de cet ouvrage plutôt intéressant (il faut voir la tête des gens dans le métro lorsqu’ils vous voient le lire), on reste au fond devant un mystère : comment arrive-t-on à deux au lit ? Il y a toujours une séduction, que l’on soit tombé amoureux ou pas, un petit quelque chose qui fait que deux êtres vont avoir envie l’un de l’autre, vont nourrir un désir mutuel qui passe plein de paramètres : un regard, un mot, une caresse furtive. Au fond, chaque rencontre nous fait réapprendre à faire l’amour car chaque corps, chaque personne est différente. Apprendre à faire l’amour, c’est aussi apprendre à vivre avec l’autre et à l’accepter.
Sylvain Bonnet
Alexandre Lacroix, Apprendre à faire l’amour, Flammarion « Champs », mai 2023, 224 pages, 9 euros