La France en guerre, les années noires
Un historien britannique de la France
C’est toujours avec plaisir qu’on accueille le point de vue d’un historien britannique sur l’histoire française. Chris Millington, professeur à l’université de Manchester, a déjà été traduit : citons Le fascisme français : le 6 février 1934 et le déclin de la République (Editions Critiques, 2020) et Le massacre de Clichy : Violences politiques et policières au temps du Front populaire (Editions Critiques, 2021). Avec La France en guerre, Millington se propose de revenir sur la période de la seconde guerre mondiale en France.
Ah Vichy…
Le principal sujet de cet ouvrage sera bien évidemment le régime de Vichy, né d’une défaite militaire qui aurait pu être évité (Gamelin fut un incapable). Soyons clairs : l’essentiel du récit événementiel est bien restitué et tient compte des derniers développements de l’historiographie né de la « révolution paxtonienne ». Chris Millington donne dans son ouvrage des développements plutôt bienvenus sur l’apport des troupes venues de l’empire colonial dans les combats de la France Libre. Il souligne aussi l’importance des femmes dans la Résistance, autrefois minorée (et notre époque aime cela, vive les femmes). Tout cela est bel et bon.
Quelques erreurs
L’ouvrage souffre ici et là de quelques fautes d’orthographe : par exemple, Reynaud est ainsi orthographié Raynaud, l’ancien président du conseil n’en demandait pas tant. Signalons un problème important : page 19, l’armistice est qualifié de capitulation, ce qu’il n’était pas (la capitulation est un acte strictement militaire). A un autre moment est mentionnée le mot « paix » entre le Reich et Vichy : c’est regrettable car l’armistice resta en vigueur jusqu’à la Libération et les nazis exploitèrent toutes les possibilités offertes par la situation pour faire pression sur Vichy.
Ces approximations, peut-être dues à des problèmes de traduction n’enlèvent rien aux qualités de l’ouvrage.
Sylvain Bonnet
Chris Millington, La France en guerre, traduit de l’anglais par Marie-Anne de Béru, Flammarion « au fil de l’histoire », mars 2022, 414 pages, 25 euros