En attendant Bojangles, adaptation BD réussie
Un couple fou d’amour savoure la vie. Inséparables, ils passent leur journée ensemble à danser sur la chanson Mr Bojangles, boivent des coktails et participent à de nombreuses soirées mondaines. Le fils est émerveillé par la vie de bohème que mènent ses parents et par leur passion. Mais, au fil du récit, le lourd secret de cette histoire apparaît au lecteur.
Immense succès surprise de l’année 2016, déjà adapté au théâtre, le roman d’Olivier Bourdeaut En attendant Bojangles se voit porté dans une BD très fidèle.
Nina Simone
Mr Bojangles est l’histoire d’un homme malheureux depuis la mort de son chien, mais qui le fait revivre en dansant. C’est une chanson du chanteur country Jerry Jeff Walker, inspirée d’une nuit en prison et du témoignage d’un vieux vagabond. Parue en 1968, c’est un immense succès, repris de très nombreuses fois au point de devenir un élément de la culture populaire américaine.
C’est la version de Nina Simone que choisit Olivier Bourdeaut pour accompagner la vie de ses personnages. La voix si particulière de Nina Simone a accompagné le romancier durant toute l’écriture. Sa version est beaucoup plus lente et mélancolique que la version originale.
Une si belle petite famille…
Toute l’histoire se déploie par les yeux du petit garçon, qui admire l’amour entre ses parents, leur petite folie. Mais bien vite la folie de sa mère va se révéler plus sérieuse… Mais rien ne pourrait diminuer cet immense amour du fils pour sa mère. La folie peut-elle se révéler plus ancrée ? La danse est-elle une manière pour le père de faire durer son couple et d’aimer encore sa femme, de lui offrir ces moments si importants pour elle ?
Une romance d’apparence tendre mais dont la réalité impose une issue douce-amer.
Le dessin est très agréable, réaliste mais avec une pointe de folie maîtrisée, ça se joue dans les détails. Assez ténu pour ne pas gêner la lecture ni trop en dire mais assez visible à qui cherche pour donner autant d’indices précieux. Il y a un vrai gros travail sur les ambiances de couleur où domine le sépia, assez nostalgique, plus ou moins saturé selon l’endroit et l’avancement de l’histoire.
Une très belle adaptation qui devrait conduire le lecteur à lire le roman, pour reprendre cette histoire sur un autre rythme, car même une fois la folie révélée, la magie du roman reste entière.
Agathe et Loïc Di Stefano
Ingrid Chabert (scénario) et Carole Maurel (dessin), En attendant Bojangles, d’après le roman d’Olivier Bourdeaut, Steinkis, novembre 2017, 104 pages, 20 euros