L’espion qui croyait, l’histoire vraie du complot pour tuer Hitler


La définition même d’un roman graphique

Un coup de maître pour son premier roman graphique, John Hendrix habitué des livres pour la jeunesse nous montre avec L’espion qui croyait une grande maîtrise théâtrale de l’illustration et un travail conséquent de recherches pour retracer une époque désespérée d’allemands qui tentent, dans l’ombre, de s’opposer à Hitler.

Est-ce qu’il y a des moments dans l’histoire où les personnes vertueuses doivent recourir à des actes extrêmes contraires à leur valeurs morales ? »

Ouvrage pédagogique qui théâtralise pour mieux dévoiler

Les Allemands ne sont pas tous à mettre dans le même panier nazi, l’histoire de Dietrich Benhoeffer est hors normes ou comment un pasteur de l’église luthérienne a décidé de s’engager contre la tyrannie et tente de tuer Hitler. Nous savons que toutes les tentatives ont échouées mais ce roman graphique historique témoigne de la souffrance d’un peuple qui ne cautionnait pas toujours la loi du plus puissant.

L’éducation de Dietrich l’avait entrainé à développer son esprit critique, la religion lui paraissait un peu trop abstrait et ses apprentissages de la certitude le menait à rude épreuve

Il comprit que Dieu s’incarnait dans l’action »

Lui qui avait toujours fantasmé devant les grandes histoires de la religion et des saints avait eu La révélation. Habitué au prisme de l’église il comprend en visitant Rome que la croyance n’avait pas de frontière, elle était universelle.

Un engagement à Dieu pour un passionné de théologie dès son plus jeune âge.

Comment a-t-il pu passer d’homme de Dieu à espion bravant tous les dangers au péril de sa vie et de celle de sa famille ? Un courage sans limites telle que sa foi pouvait lui donner la force et également la volonté d’endiguer un bain de sang, surement aussi car il était terrorisé de voir l’église allemande cautionner de tels actes.

Roman pour vos enfants et vous

Une fresque historique passionnante et émouvante, l’auteur appuyé de ses recherches, des voyages d’études et un accès privilégié à de nombreuses pièces originales nous ouvre les yeux une fois de plus sur l’hégémonie hitlérienne difficilement atteignable, la vie d’un simple pasteur qui renie sa confession pour défendre son peuple et son pays.

Une excellente synthèse brillamment mise en lumière de l’apparition à l’ascension d’Hitler, manipulateur des gens, des opinions jusqu’à sa prise de fonction de chancelier. Les étapes clefs importantes sont reprises non pour cautionner mais pour éclairer l’arrivée de cet homme ou comment « un fou furieux confisqua les rênes de l’histoire et mena le grand vaisseau allemand droit sur la pire tempête de tous les temps ».

Deux couleurs fortes teintes ce roman : le vert espoir et le rouge sang. Les deux se font face, se superposent, s’opposent comme chat et chien ou plutôt ange et démon, mais ne se mélangent jamais. 

Un dessin et des visuels saisissants qui démontrent la sauvagerie et la violence des uns, la lutte acharnée des autres.

Xavier de la Verrie

John Hendrix (Scénariste & dessin), L’Espion qui croyait, Steinkis, mars 2019, 176 pages, 18,00 eur

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