La Diagonale des reines, Werber lu par Caroline Victoria

Deux destins qui ne vont cesser de se croiser, en miroir, et s’affronter, comme les deux faces d’une même force. D’abord sur un plateau d’échec, puis dans la vie, chacune des personnages de La Diagonale des Reines de Bernard Werber est une force. Et la lecture qu’en donne Caroline Victoria est simplement parfaite.

Deux filles que tout oppose

Deux petite fillettes de douze ans viennent s’affronter au jeu d’échec. Une Australienne, une Américaine. Chacune a sa façon particulière de comprendre le jeu. La première, Nicole O’Connor, d’origine irlandaise, vit en Australie avec son père, propriétaire d’un immense cheptel et qui finance les mouvements révolutionnaires communistes. Pour elle, c’est le collectif qui peut faire gagner, et son jeu est marqué par la domination des pions, qui envahissent le plateau et rendent le jeu adverse impossible, par étouffement. La seconde, Monica Mac Intyre, d’origine écossaise, vit à New-York et est farouchement indépendante. Pour elle, c’est tout le contraire : la reine joue presque seule et écrase l’adversaire par la fulgurante et l’audace de ses attaques. Deux visions du monde, communisme contre capitalisme. Ces antagonismes vont se retrouver tout au long de leur parcours individuel, et durant le long duel que va être leur vie. Deux meilleures ennemies au destin lié. Deux idéologies incarnées.

Bernard Werber joue brillamment sur cette dualité. Il parvient à construire une histoire où, même s’il imagine la suite, le lecteur va être captivé par la manière dont elle s’inscrit dans le réel. Le combat des deux femmes va se superposer à la guerre froide entre Soviétiques et Américains. Et tout va concorder admirablement.

Ce duel sur plusieurs décennies aura une fin, qu’on laisse découvrir. Et même ce dernier moment réserve des surprises.

Une admirable lectrice

Actrice de théâtre et de doublage, Caroline Victoria pose sa voix sur La Diagonale des reines avec beaucoup de talent. Elle rend le texte tout à fait vivant et parvient à nous faire entendre chacune des voix. Bien plus, chacune des idéologies !

La Diagonale des reines est un roman qui raconte le XXe siècle dans ce qu’il a eu de plus terrible par la trajectoire croisée de ces deux femmes. Entre les drames (orchestrés ?) et les affrontements directs (orchestrés ?), ces deux femmes composent l’une avec l’autre et étendent autant que possible leur interminable partie d’échec. Et Caroline Victoria rend le texte si vivant et si profond qu’on l’écoute deux qu’on pourrait le lire soi-même.

Loïc Di Stefano

Bernard Werber, La Diagonale des reines, lu par Caroline Victoria, Audiolib, novembre 2022, durée 12h19, CD 26,90 euros / numérique 24,45 eur

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