Un chant de Noël : et si la vraie magie de Noël tenait dans la rédemption d’un vieil avare londonien ?

Chaque année, quand reviennent les guirlandes et les vitrines illuminées, son nom ressurgit : Charles Dickens.  Il est l’un des plus grands romanciers victoriens. Celui qui a su donner à la misère un visage et à la compassion une langue.

Un chant de Noel, publié en 1843,est sans doute son œuvre le plus populaire. Un conte que l’on croit connaitre mais qui mérite une relecture pour y redécouvrir tant de choses sur la bonté, la peur et la seconde chance.

La nuit du miracle

Ebenezer Scrooge, vieil homme aigri, ne croit ni en l’amour, ni dans la joie et encore moins en Noël. Il vit enfermé dans sin commerce, dans la froideur et la rancune. « Qu’on supprime Noël et qu’on en finisse avec ces sottises » lâche-t-il au début du récit.

Mais dans cette fameuse nuit du 24 décembre, son sommeil est troublé par l’apparition de Jacob Marley, son ancien associé, enchaîner et condamné à errer pour avoir vécu sans charité. Trois esprits lui rendront visite ; celui des Noëls passés, celui du présent et celui du futur.

Dans ce parcours initiatique, Charles Dickens mêle l’épouvante gothique à la tendresse des contes populaires. Ce voyage au pays de la mémoire et de la peur devient une leçon d’humanité : celle d’un homme qui comprend trop tard, peut-être, que la richesse ne se mesure pas en or mais en compassion.

La première visite

« Il s’éveilla en sursaut. Une lumière étrange emplissait la chambre. Les rideaux de son lit furent tirés et il vit un être à la fois jeune et vieux dont le visage semblait éclairé de l’intérieur.

– Je suis l’esprit des Noëls passées, dit la voix. Lève-toi et viens avec moi.

Scrooge, tremblant, vit sa propre enfance : un petit garçon seul, dans une classe froide, lisant Robinson Crusoé à la lueur de la bougie. Une larme glissa sur sa joue. ».

Dans cette scène bouleversante, la plume de Dickens révèle son génie : le fantastique devient l’instrument du remords. Sous le merveilleux, l’auteur met à nu la conscience humaine. Le lecteur, comme Scrooge, se voit invité à revisiter ses propres noëls oubliés.

Une traduction pleine d’émotion

La traduction de Marcelle Sibon, publiée chez Gallimard, restitue avec finesse le ton inimitable de Dickens : un mélange d’ironie, de tendresse et de mélancolie. Le texte garde son rythme anglais, sa musique et sa chaleur tout en devenant très clair pour la langue française.

La préface et les notes de cette édition Folio classique, extraite du volume Contes de Noël, offrent un éclairage utile sur le contexte social du Londres victorien : pauvreté, charité et industrialisation. Thèmes chers à Dickens qui voyait dans la littérature un moyen de réparer le monde.

Un livre pour croire à la bonté

Si un chant de Noël traverse les générations, c’est parce que tout simplement il touche à l’universel : la peur de vieillir seul, la honte d’avoir oublié d’aimer, le désir de recommencer.

Sous la féerie de Noel, c’est bien une conversion morale que raconte Dickens. Celle d’un homme qui redécouvre, dans la lumière du matin, le goût de vivre.

À l’heure où Noël se confond souvent avec la consommation et le clinquant, ce petit livre, vendu 3 euros dans la collection Folio classique, rappelle que le vrai miracle de Noel ne réside pas dans les cadeaux mais dans le regard renouvelé sur les autres.

Et s’il fallait un seul texte pour retrouver l’esprit de Noel, ce serait sans doute celui-là.

Franck Dupire

Charles Dickens, Un chant de Noël, traduction de Marcelle Sibon, Gallimard Folio Classique, novembre 2025, 3 euros.

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