Jacques-Louis David : le peintre de l’histoire
Qui d’autrepeut mieux incarner l’alliance du génie artistique et du souffle historique que Jacques-Louis David ? Le carnet d’exposition publié par Gallimard en partenariat avec le musée du Louvre accompagne l’exposition consacré au maitre du néoclassicisme et offre une plongée raffinée dans son univers : celle d’un peintre habité par la grandeur antique mais pris par les tempêtes révolutionnaires.
Peindre la République et servir l’Empire

Le parcours de David traverse la révolution, le Directoire, l’Empire et finit en exil à Bruxelles. C‘est une trajectoire à la fois glorieuse et tragique. Ce petit volume, dense et magnifiquement illustré, retrace cette vie d’artiste et d’homme politique : membre de la Convention, ami de Robespierre, puis peintre officiel de Napoléon. Cet ouvrage est d’ailleurs signé par Sébastien Allard, l’un des meilleurs spécialistes de la peinture néo-classique et par ailleurs directeur du département des peintures au Louvre. A la lecture de ce dernier, on y mesure la force d’un pinceau qui a voulu traduire en image les idéaux de son siècle : la vertu, le sacrifice, la gloire. Le serment des Horaces, la mort de Marat, le sacre de Napoléon… autant de chefs d’œuvres que le texte éclaire avec rigueur et clarté.
Un dialogue entre l’art et l’histoire
Ce carnet d’exposition à l’intelligence de ne pas se limiter à une simple notice illustrée : il replace le peintre dans la tension entre engagement civique et ambition esthétique. L’auteur montre comment à travers la composition, la gestuelle et la lumière, l’artiste invente un nouveau langage pictural : celui du drame républicain puis du roman impérial. L’iconographie, choisie avec soin, met en valeur les détails, les repentirs, les esquisses qui révèlent l’atelier du peintre et sa recherche inlassable de la perfection.
Un livre de poche pour une œuvre monumentale
Comme toujours dans la collection Carnet d’exposition, le format compact n’exclut pas la profondeur. Au contraire, il invite le lecteur à une lecture vivante, accessible où l’image dialogue sans cesse avec le texte. En quelques pages, c’est toute une époque qui reprend vie : celle d’une France qui croyait encore que la peinture pouvait changer le monde.
Un carnet pour prolonger la visite
Qu’on ait vu l’exposition ou non, ce livre est un compagnon idéal. Clair, précis, superbement imprimé, il prolonge la rencontre de David et de son œuvre : véritable passeport entre le musée et la mémoire collective.
Une réussite éditoriale à la hauteur d’un peintre qui fit de l’histoire sa toile de fond et la gloire son destin.
Franck Dupire
Sébastien Allard, Jacques-Louis David, collection « Carnet d’expo », Gallimard/ Musée du Louvre, novembre 2025, 64 pages, 11,50 euros
