Centenaire Proust chez Gallimard 1

En amont des célébration du centenaire de la mort de Marcel Proust (10 juillet 1871 à Paris où il est mort le 18 novembre 1922), Gallimard publie plusieurs ouvrages indispensable à tout proustien, ou néophyte. Mais pas sérieux s’abstenir, on n’offre pas son temps et son âme à la va-vite quand il s’agit de Marcel Proust. C’est un vaste territoire à conquérir. Et à se laisser prendre par lui. Première étape de ce parcours, découvrir la vie et l’influence des écrits du grand écrivain.

La biographie du maître

Spécialiste incontournable de Marcel Proust, Jean-Yves Tadié est professeur émérite à l’Université Paris-Sorbonne. Rien de sérieusement prussien ne se peut concevoir en France sans lui. Outre la direction des quatre tomes de La Recherche du temps perdu en Pléiade, on lui doit une biographie massive et immersive à la fois, sobrement intitulée Marcel Proust. Elle reparaît en « folio » dans une nouvelle édition, revue et augmentée.

Tome I.

Il s’agit de montrer en quoi l’individu est d’abord un type : l’enfant d’une famille bourgeoise, l’élève de Condorcet, celui de Sciences-Po, l’asthmatique, le « jeune poète » qui envoie plus de lettres qu’il n’en reçoit, le curiste aux bains de mer. Qu’est-ce qu’être écrivain en 1890, ou homosexuel, ou malade, ou médecin ?
Puis vient le moment où le grand artiste cesse d’être un type et, irrémédiablement différent, échappe à l’histoire et aux structures.
Il y a dans cet ouvrage tout ce qu’on peut savoir de Proust, tout ce qu’il est utile de savoir pour comprendre sa personne et son oeuvre, non les infinis détails de vingt et un volumes de lettres.
La biographie d’un grand écrivain n’est pas celle d’un homme du monde, ou d’un pervers, ou d’un malade : c’est celle d’un homme qui tire sa grandeur de ce qu’il écrit, parce qu’il lui a tout sacrifié.

Tome II.

Proust s’est montré curieux de la vie des écrivains et des artistes qu’il aimait, interrogeant sur ses contemporains ou lisant des biographies, des correspondances, de Balzac et Ruskin à Musset et Sainte-Beuve. Il a lui-même fait comprendre une fonction de la biographie : dire « pourquoi ? », « comment ? », et pas seulement « quoi ? ».
Il ne s’agit plus de description, mais d’expérience intérieure, celle qui sera transformée en littérature et en personnages de roman. La biographie ne raconte pas « un vague roman tout préfabriqué », mais la source du roman, ce qui l’a rendu possible. Elle donne forme à l’informe, unité à la diversité, sens à l’apparence. Elle réentend la voix qui n’est plus, et redonne vie à ce genre disparu, le dialogue des morts – qui est un dialogue avec les vivants.

Jean-Yves Tadié, Marcel Proust, tome I, Gallimard, « folio », septembre 2022, cahier central d’illustrations, 584 pages (+ index), 9,90 euros

Jean-Yves Tadié, Marcel Proust, tome I, Gallimard, « folio », septembre 2022, cahier central d’illustrations, 718 pages (+ index et bibliographie), 9,90 euros

Proust lu par les écrivains étrangers

La notoriété d’un écrivain est d’autant plus importante qu’elle repose sur la reconnaissance de ses pairs. Et cette reconnaissance s’impose quand, ayant un travail très personnel et novateur sur la langue, celle-ci dépasse le cadre strict de son environnement naturel et parvient à toucher les grands auteurs étrangers.

Un siècle après sa mort, Proust n’a jamais été autant lu, traduit, commenté. Pourquoi lui ? Pourquoi cet auteur qui semble si français est-il mondialement connu et reconnu ? Pour le comprendre, nous avons choisi de décentrer notre regard, en réunissant quatre-vingt trois textes d’auteurs étrangers qui ont lu Proust, en français ou en traduction. Qui l’ont admiré ou envié, qui s’en sont inspiré ou qui ne l’ont pas compris, tout autour du globe. Pourquoi eux ? Parce que leurs conditions de lecture ne sont pas les mêmes que celles d’un Français. Il leur faut adapter l’auteur à leur propre contexte de référence, à un environnement géographique et linguistique totalement différent. Tout en se laissant eux-mêmes déraciner et projeter vers un monde éloigné du leur. Du Japon au Brésil, de la Chine à la Catalogne, on lit Proust partout, dans toutes les langues. Les analyses et témoignages ici réunis créent de nouveaux regards sur l’œuvre proustienne : de nouvelles interprétations, de nouvelles interrogations, de nouveaux bonheurs de lecture.

Avec vingt textes traduits pour la première fois en français.

Proust-Monde, quand les écrivains étrangers lisent Proust, textes choisis, présentés et commentés par Blanche Cerquiglini, Antoine Ginésy, Étienne Sauthier, Guillaume Lefer et Nicolas Baillyn, Gallimard, « folio », septembre 2022, 537 pages, 10,60 euros

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