Cyrus le grand, Roi du monde
Professeur de lettres classiques et d’histoire ancienne à l’université du Wisconsin, Matt Waters n’a jusqu’à maintenant jamais été traduit en français. La publication de cet ouvrage sur Cyrus le Grand, fondateur de l’empire perse de la période achéménide, répare cet oubli. Que nous apprend-il ?
Qui était Cyrus ?

Cet ouvrage part des sources. Or, elles sont maigres. Très peu de parchemins en vieux perse, en akkadien ou en araméen, lingua franca du Proche-Orient antique, nous sont parvenus. On connait Cyrus d’après les inscriptions laissés à Babylone ou ailleurs. Sinon, il faut se tourner vers des sources grecques : Hérodote, Ctésias ou Xénophon. Or, elles sont sujettes à caution, Hérodote et Ctésias se contredisent, Xénophon confond Cyrus le grand et son descendant Cyrus le jeune qu’il a soutenu dans sa révolte à la fin du Ve siècle. Il y a aussi la Bible puisque Cyrus en prenant Babylone libère les captifs judéens. Se dresse le portrait d’un prince, vraisemblablement né dans une des principautés de l’espace dominé par les Mèdes. Avant Alexandre, Cyrus réussit à conquérir tout le Moyen-Orient. Mieux, il se montre tolérant religieusement et réussit à installer un mode de domination moins brutal que ses prédécesseurs même s’il s’inspire du modèle assyrien.
Un héritage
Cyrus le Grand laisse un empire à son fils Cambyse. Ce dernier conquiert l’Egypte mais meurt en – 522. S’ensuit une révolution de palais et le pouvoir échoit à Darius Ier, un parent de Cyrus. Pour se légitimer, Darius épouse la fille de Cyrus et leur fils Xerxès (celui qui envahira la Grèce lors de la deuxième guerre médique) sera donc un descendant direct du conquérant. L’empire qu’il a fondé disparaîtra avec Alexandre, le « dernier achéménide » si on suit l’hypothèse de Pierre Briant. Cyrus demeure ensuite une figure connue en Grèce puis à Rome mais s’efface en orient sous les empires Parthes et Sassanides. Cet ouvrage, qui est autant une biographie qu’un essai historiographique, est réellement passionnant pour un amateur d’histoire antique.
Sylvain Bonnet
Matt Waters, Cyrus le grand, traduit de l’anglais par Johan-Frederik El-Guedj, Passés composés, octobre 2025, 288 pages, 23 euros
