Toxic Data, les démocraties manipulées?

Un ouvrage singulier

Voici un ouvrage qui peut secouer le lecteur ! Toxic Data est l’œuvre d’un chercheur du CNRS, David Chavalarias, passionné de sciences cognitives. Son champ d’expertise ? La manière dont les réseaux sociaux — Facebook, Twitter… — influencent nos opinions, notamment en politique. Et le résultat est, il faut bien le dire, angoissant.

La tyrannie des algorithmes

A la base nous avons donc des réseaux sociaux qui fonctionnent sur des algorithmes. Leur rôle est simple : rapprocher des gens dont les profils sont semblables, proposer grâce au fil d’actualité, des nouvelles, des pages, des contenus correspondant aux goûts de l’usager. Donc ici pas de débat, pas de réflexion, juste le plaisir de lire des contenus ou d’échanger avec des personnes qui pensent pareil que vous. Donc pas de confrontation de point de vue, pas d’évolution intellectuelle, Facebook est idéal pour échanger des nouvelles ou regarder des photos de chats (ou d’une actrice israélienne fameuse), pas pour débattre…

Des instruments rêvés pour des dictatures

Avec Toxic Data, le lecteur prendra aussi conscience à quel point les réseaux sociaux sont devenus des instruments aux mains de dictatures comme la Russie (et bientôt la Chine) qui s’en servent pour déstabiliser les processus électoraux des démocraties, comme en Grande-Bretagne au moment du Brexit ou aux États-Unis au moment de l’élection de Trump. Création de fausses pages, de chambres d’écho, dévoilement de mails internes d’équipes de campagne : tout est bon pour déstabiliser les pays dit démocratiques. Ces entreprises sont souvent doublées de manœuvres politiques venues de l’extrême-droite, de l’Alt-right et ont été décuplés selon l’auteur au moment de la pandémie avec le mouvement antivax.

Pour David Chavalarias, la démocratie n’est rien moins qu’en danger et il propose, en conclusion de Toxic Data, certaines pistes pour se sortir de ce piège. À lire donc.

Sylvain Bonnet

David Chavalarias, Toxic Data, Flammarion, mars 2022, 288 pages, 19 euros

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