Métropolia et Periphéria, une satire de notre temps

Depuis la parution de Fractures françaises en 2010, le géographe Christophe Guilluy n’a de cesse de dénoncer la partition de la France entre les métropoles et le périurbain. Il a poursuivi cette veine avec acharnement dans des ouvrages comme La France périphérique (Flammarion, 2014), Le crépuscule de la France d’en haut (Flammarion, 2016) ou plus récemment Les dépossédés (Flammarion, 2022). Il revient ici avec un essai qui tient du roman et… du théâtre.

Un livre détonnant

Dans Métropolia et Periphéria, Guilluy reprend ses thèmes habituels : divorce entre les métropoles et le peuple du périurbain, mépris des élites envers le peuple. Mais il ajoute aussi une touche personnelle en contant son expérience des médias. On l’invite, il parle (pas beaucoup) puis zapping de l’animateur, on passe à autre chose. Guilluy est venu pour rien. Il montre aussi avec talent le mépris grandissant des lites envers peuple des périphéries ainsi que leur méconnaissance grandissante. Au fond, le peuple, les élites s’en moquent. Là, beaucoup crieront au populisme de Christophe Guilluy. Mais ce n’est pas fini.

Du théâtre plein d’images

Christophe Guilluy dit s’être inspiré des chroniques qu’il a rédigées pour l’hebdomadaire Marianne pour ce livre. Est-ce le cas pour la pièce qui clôt ce volume ? On est alors devant une pièce où le peuple, la droite et la gauche, l’empereur (est-ce Macron) se succèdent sur la scène, livrant des péroraisons mémorables. On voit même un avatar de Jean-Claude Michéa venir défendre le peuple… et laisser une bombe qui tue les acteurs, une manière de… Libération du peuple ? Ne le cachons pas aux amateurs d’Antigone, la satire est un peu lourde. Bon, soyons clairs : sur le fond, on peut se sentir proche des thèses de Guilluy (et donc passer pour un populiste, waouh) mais la satire est ici un peu lourde. On sent une certaine colère chez l’auteur. Il faut dire que la situation ne s’arrange pas…

Sylvain Bonnet

Christophe Guilluy, Métropolia et Periphéria, Flammarion, février 2025, 224 pages, 21 euros

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