« Deux femmes » de Denis Soula

Voici un livre bien singulier que ce Deux femmes de Denis Soula. Il conte la vie, ou plutôt les morceaux de vie de deux femmes, aussi éloignées que peuvent l’être celle qui est déchirée par la mort de son enfant, et celle qui court le monde pour éliminer les criminels. D’un côté une mère de famille qui s’accroche à ce qui lui reste de vie, de l’autre, une espionne, tireuse d’élite au sang froid, qui tue sans se poser de questions. C’est assez dire que livre bascule sans cesse entre douce sensibilité et violence crue. 

Denis Soula se sort bien de ce piège grâce à un style vivant, des phrases courtes, un sens du récit original, et on accompagne ces deux femmes, finalement attachantes, jusqu’au moment inattendu où elles se rencontrent et fraternisent, sans qu’il soit besoin d’en dire plus sur le dénouement. 

Au-delà de cette aventure, menée tambour battant, et lue tout aussi vite (juste cent pages), on peut rendre hommage à la qualité de ces deux portraits de femmes d’aujourd’hui, dont la couverture du livre donne malheureusement une fausse image. Les souffrances de la mère, les blessures de l’enfance, les désirs de vengeance, et toute la panoplie des douleurs secrètes, ne se réduisent pas à un blouson de cuir noir pour motards mercenaires. En revanche, une rédemption existe, vers quoi veut nous entrainer l’auteur, dont l’étonnante connaissance des « Services secrets », mais vraiment très secrets, laisse penser qu’il n’est pas seulement écrivain. 

Didier Ters

Denis Soula, Deux femmes, Joëlle Losfeld Editions, 100 pages, octobre 2018, 12,50 eur

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