Partir pour la Grèce, pourquoi nous avons toujours besoin des anciens
Un chercheur de renom
Elève de Jean-Pierre Vernant, François Hartog a aussi subi l’influence du structuralisme à ses débuts de chercheur. On lui doit notamment le concept de « régime d’historicité » qui pose la question de la manière dont les sociétés pensent leur rapport au passé. Plus récemment, il a aussi publié Croire en l’histoire (Flammarion, 2013). Partir pour la Grèce (sous-titré « pourquoi nous avons toujours besoin des anciens », beau programme) compile des articles de colloque et des préfaces écrites durant ces vingt dernières années
Des interrogations sur les origines de l’histoire
Eclectique, Hartog commence dans son premier chapitre par revenir à Polybe et au prophète Daniel, qu’il juge déterminants pour la naissance du concept d’histoire. Polybe écrit pour les grecs afin de leur expliquer pourquoi les romains ont gagné, Daniel pour expliquer aux juifs pour justifier la guerre des Macchabées. Téléologie et eschatologie se mêlent ici.
Hartog revient aussi sur la notion de barbare, plus souple et plus élastique qu’on ne le pense : le grec n’est-il pas au fond un ancien barbare qui a accédé à la civilisation ?
La France et la Grèce
Il retrace aussi combien la Grèce a compté pour les historiens français. Pour Fustel de Coulange qui y a consacré La cité antique en 1864, fondation de la cité moderne. Pour Pierre Vidal-Naquet et Jean-Pierre Vernant aussi. Le second, résistant, s’est plongé dans l’étude de la Grèce antique dès l’après-guerre, influencé par la suite par le structuralisme des années 70 (comme Hartog).
Partir pour la Grèce est aussi l’ébauche d’une histoire intellectuelle, celle de ces hellénisants français partis physiquement ou spirituellement en Grèce antique. Ils se sont efforcés d’échapper à l’anachronisme et aux poncifs (la Grèce mère de la civilisation moderne…) pour en dégager sa singularité, particulièrement dans la redécouverte des siècles archaïques (du VIIIe eu VIe siècle).
Voici un ouvrage qui se veut une introduction à l’hellénisme et à l’étude de l’antiquité grecque.
Sylvain Bonnet
François Hartog, Partir pour la Grèce, Flammarion, « champs », octobre 2018, 304 pages, 11 eur
