Un dimanche à Ville-d’Avray de Dominique Barbéris


Cybèle ou les Dimanches de Ville d’Avray
, c’est un vieux film joué par Hardy Kruger et Nicole Courcel, qui eut beaucoup de succès, lors de sa sortie en 1962. Un film tragique, mais justement récompensé de plusieurs prix, qui donne à voir pour décor les fameux « étangs de Corot en hiver ». Un dimanche à Ville-d’Avray est le titre du dernier livre de Dominique Barbéris, qui a collé à dessein le titre de son roman à celui du film, comme une référence incontournable. Ou peut-être pour entrer dans la famille d’une appellation contrôlée, label de qualité qui n’est pas à négliger. 

Un court roman charmant sur l’ennui, qui n’est pas ennuyeux

L’histoire est simple, et d’ailleurs simplement racontée. C’est celle de deux sœurs qui s’ennuient le dimanche, et qui se retrouvent le dimanche pour papoter, pendant que leurs maris font autre chose. Elles parlent donc, de leurs parents, de leurs souvenirs, de leur jeunesse, accumulation de petits riens, pour tromper l’ennui, ce terrible ennui qui suinte partout, et qui devient sourdement le personnage principal du livre. 

Et puis, de confidences en confidences, l’une d’elles se laisse aller à avouer qu’elle a fait, naguère, une étrange rencontre avec un bel inconnu, à l’insu de son mari. Un certain Hermann qu’elle a suivi, puis revu, qui est entré dans sa vie, puis qui a disparu tout aussi bizarrement qu’il était venu. Qui était-il ? Elle ne sait guère. Quand elle a cherché à le revoir, impossible de le retrouver, comme si personne d’autres ne le connaissait. Etait-il vraiment ce Hongrois qui avait fui le communisme ? Ce chef d’entreprise très occupé, entre deux avions ? 

Au fil des pages, les approximations sont criantes, et le récit de l’amoureuse de plus en plus flou. Sa sœur finit par se demander si tout cela n’est pas le fruit d’une imagination, si tout cet amour n’est pas inventé, Bref, un gros mensonge, peut-être, qu’il faudra pardonner, car en fin de compte, cette petite histoire de cœur donne un peu de piquant à une morne vie de banlieue. Car on s’ennuie beaucoup, le dimanche, à Ville-d’Avray. 

Didier Ters

Dominique Barbéris, Un dimanche à Ville-d’Avray, Arléa, septembre 2019, 120 pages, 17 eur 

L’académie Goncourt, elle, ne s’est pas ennuyée, et a mis le livre dans sa deuxième liste de neuf titres pour le prix. 

Laisser un commentaire