J’ai un projet, devenir fou d’Eric Neirynck
Eric Neirynck est membre de la petite bande à Boojum. Aussi ne pouvions-nous pas faire un article comme si de rien sur ce journal, J’ai un projet, devenir fou. Mais pourquoi se priver du plaisir de vous le présenter tout de même en laissant parler son éditeur ?
Présentation de l’éditeur
Ecrire et vivre de son écriture…
Dans ses cartons, quelques manuscrits envoyés à différents éditeurs avec toujours la même réponse — quand réponse il y a — NON !
Ce journal rapporte sans concession ses tentatives, espoirs, doutes, déceptions et témoigne de son passage d’écrivain lambda dans un monde féroce.
Et un petit extrait en exclusivité pour Boojum
26 septembre
13h48
Vilaine passe, grosse déprime, tête dans le cul et tout le toutim. L’automne fait son retour, les feuilles tombent des arbres, le froid s’installe et moi je coule petit à petit vers le fond…
Depuis avant-hier où je me suis exempté de travail, je suis toujours en arrêt maladie. Mon médecin a prolongé mon certificat pour deux semaines au moins. Il a vite compris que j’étais à bout et que je n’en pouvais plus de jouer le bon gentil collègue, l’employé idéal. Faire le beau ça va un temps, mais là c’est « over the limit ». Mon doc m’a donc mis en arrêt avec obligation de repos, ce qui au fond, vu ma décision de me lancer à corps perdu dans l’écriture m’arrange bien.
Faut dire, qu’en plus de mon job alimentaire qui depuis quelques jours absorbait toute mon énergie, les refus à mon envoi de manuscrits qui commençaient à arriver, je n’avais même plus ni le temps, ni l’envie d’écrire.
Si seulement j’avais eu encore une once de courage, j’aurais pu écrire la nuit, mais là j’étais tellement crevé et j’avais tellement la tête dans le cul que j’avais juste envie de roupiller. Marre d’être pressé comme un citron par ce job alimentaire de merde et ses obligations !
Moi Messieurs, Dames, je suis écrivain et je ne veux pas mourir à mon bureau d’employé lambda en ayant passé ma pauvre vie à faire des trucs que je n’aime pas ! Et ça, même sous prétexte de bien gagner ma vie, de pouvoir me payer le dernier portable à la mode ou prendre deux semaines de vacances en all in dans un club de luxe au bord de la Méditerranée.
Eric Neirynck, J’ai un projet, devenir fou, janvier 2020, 123 pages, 12 eur