Laissez-moi vous raconter le Mont-Blanc

Vibrant témoignage d’une légende

J’ouvre ce merveilleux livre qu’est Laissez-moi vous raconter le Mont-Blanc, en pyrénnéiste assumé mais avant tout en passionné de lecture et de montagne. Je ne pouvais donc pas me désintéresser de cet ouvrage qui met un point d’honneur, non pas à rappeler que Frison était un grand auteur, ni par ses talents d’escalade, mais surtout par son humanité révélée une dernière fois le jour de son enterrement porté à bout de bras par des chamoniards qui ne pourraient l’oublier, en tout cas le vénérer.

Je revis ce que j’ai écrit, cette marche lente, sans commencement ni fin, ou le rêve et l’aventure, où la vie et la mort, le présent et le passé, la terre et les étoiles, alternent indéfiniment pour composer une ardente symphonie. »

Les éditions Paulsen honorent et rendent un brillant et émouvant hommage pour les vingt années de la disparition d’un homme qui a laissé une trace indélébile dans la littérature française avec le très classique Premier de cordée mais surtout dans l’esprit de tous les chamoniards.

Frison-Roche a eu plusieurs vies et, chose incroyable, il les a eues toutes en même temps : journaliste, écrivain, animateur, sportif, secrétaire de l’aéro club…

A 17 ans, parisien, il rêve de montagne et quitte temporairement l’écriture pour Chamonix. Il devient alors guide de haute montagne. Il combinera ses passions et l’amour de la vallée, ses hauts sommets l’inspireront à jamais.

Laissez-moi vous raconter le Mont-Blanc reprend ses écrits que mettent en évidence des photos d’archives et familiales. Le livre couvre des exploits d’époques comme celui d’installer une émission radio au sommet du Mont Blanc.

Frémissant, j’écoute les instructions que me donne mon casque… Nos têtes s’unissent à l’écoute, dans cette communion profonde de quelque chose de grand auquel nous assistons, transportés ».

Fidèle à l’homme

Cet ouvrage nous fait remonter le temps ou rien n’était impossible mais tout présentait un danger que connaissent encore les montagnards de nos jours, exceptés ceux qui d’un saut de puce en téléphérique se retrouvent en haut des sommets sans craintes pour leur vie.

L’alpinisme est mieux qu’un sport. On dit qu’il faut pour le pratiquer un cœur bien trempé. Il faut ensuite s’attaquer aux difficultés et les vaincre. Il faut savoir renoncer au temps »

Seul un amoureux de la montagne pouvait rendre hommage à Chamonix et ses sommets, qu’il a appris à découvrir sous toutes les coutures au travers de ses habitants, ses activités, ses péripéties personnelles et ses aventures hautement sportives. Les étrangers d’un lieu en parlent souvent bien mieux avec un œil neuf et une curiosité que l’autochtone qui, à force d’habitude et d’accoutumance, ne remarque plus.

Ce qui rend Laissez-moi vous raconter le Mont-Blanc c’est la qualité des photographies. Choisies avec grand soin, elles sont magnifiques, et retracent ces épopées et explorations d’un autre temps.

Xavier de la Verrie

Roger Frison-Roche, Laissez-moi vous raconter le Mont-Blanc, Paulsen, « Guérin », mai 2019, 224 pages, 93 illustrations, 29 eur

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