Gost 111, un polar à l’état brut

Gost 111 pourrait être une histoire authentique, c’est du moins comme cela que Mark Eacersall et Henri Scala ont conçu ce roman policier graphique. Nous sommes dans le quotidien sombre des malfrats, des indics et de flics corrompus.

Faut que tu te sortes les doigts du cul ! Non, je dois me calmer : y a trop de mecs qui sont tombés autour de moi, ça va se voir. 

Êtes-vous un indic qui s’ignore ?

Goran Stankovic à la fâcheuse habitude de s’attirer des emmerdes. Pourtant sur le papier c’est un père qui aime s’occuper de sa jeune fille, et malgré les petits boulots qu’il enchaine, il à l’air de s’en tirer. Excepté qu’il perd son boulot le jour où il perd son permis. Pas d’autres choix de transgresser la loi et de s’aventurer vers des jobs beaucoup moins honnêtes, mais la survie de sa famille en dépend.

Il accepte de convoyer un colis mais tombe dans un guet-apens et le seul choix que la Police lui laisse présager et de devenir leur indic. Il devient donc GoSt 111, tel est son nom de code après un premier test, il se voit décerner un portable et du cash facilement gagné.

Son gros problème est qu’il va se prêter au jeu et plutôt deux fois qu’une. Il va jusqu’à tendre des pièges à des malfrats et se trouver à devoir faire l’indic pour d’autres services de police.

Ce double jeu va finalement lui attirer de nombreux ennuis. Une bande veut lui piquer son business et il a sur le dos la DGSI qui enquête sur des flics douteux. Et pour couronner son mauvais karma, son ex-femme, en tout cas la mère de sa fille, qui refait surface pour lui soutirer du fric, elle qui ne s’est jamais occupé de leur fille et qu’elle n’a vu que naître. Mais ce n’est que le début des emmerdes…

Le dur métier d’être indic

Comme dans un bon polar, série ou téléfilm on se cache sous la table ou suivant le cas on soulève les jupes pour découvrir les dessous des enquêtes. Le réalisme de ce roman graphique parait évident, l’auteur nous met dans le bain des dessous des enquêtes policières mais surtout du monde opaque des indics. Henri Scala, l’un des deux auteurs est commissaire de police depuis plus de 20 ans il a connu dans ses postes précédents le quotidien de la police et les réseaux de délinquance de proximité. Il apporte ainsi une cruelle réalité et ce dans tous les aspects qu’ils soient administratifs, techniques et humains. Pour sa première participation à un scénario, il se révèle très à l’aise et produit avec Mark Eacersall un excellent scénar !

Le dessinateur Marion Mousse avait un univers d’histoires assez éloigné mais le scénario l’a suffisamment captivé pour se lancer. Nous sommes dans la réalité du quotidien des policiers et malfrats, mais Marion a traité le dessin avec un esprit assez caricatural des personnages. Le travail de dessinateur est surtout porté par un cadrage cinémascope et un découpage rythmé des scènes. 

Le résultat fonctionne très bien même s’il étonne sur les premières planches.

Xavier de la Verrie

Mark Eacersall et Henri Scala (scénario), Marion Mousse (dessin), Gost 111, Glénat, « 1000 feuilles », mars 2020, 200 pages, 22,50 eur


Laisser un commentaire