L’Ogre, deux êtres qui n’auraient jamais dû se croiser
Un scénariste vétéran
Tous les amateurs de bande dessinée francophone connaissent Jean Dufaux, scénariste de la fascinante série Murena se déroulant sous le règne de Néron, et aussi de Conquistador. On lui doit aussi deux albums de Blake & Mortimer intrigants, L’onde Septimus (dessiné par le très bon Antoine Aubin) et Le cri du Moloch. Sa nouvelle série L’ogre, premier tome dessiné par le basque Juan Luis Landa, se déroule durant la guerre de cent ans.
Le tueur et la sainte

Nous sommes en 1427, la France est ravagée par les batailles entre les Anglais et les troupes du jeune Charles VII, retranché à Chinon. Un fait étrange se produit ; après chaque bataille, des femmes et des enfants sont tués sauvagement. La rumeur arrive aux oreilles du Roi qui charge Guillaume de Blamont de retrouver ce tueur surnommé l’Ogre. Il s’appelle Jaco, c’est un bossu un peu simple d’esprit membre d’une bande de soudards mené par un nommé Colin. Mais la bande est défaite et Jaco, blessé, s’enfuit. Une jeune fille le découvre et le soigne : elle s’appelle Jeanne et se rend à la cour de Charles VII. Reconnaissant, l’Ogre la suit et la protège.
Un album ambitieux
Saluons tout de suite la prestation graphique de Juan Luis Landa, très à l’aise pour dessiner les corps et les combats, fidèle aussi à une esthétique proche de la ligne claire. Jean Dufaux a décidé ici de marier les contraires, c’est-à-dire Jeanne d’Arc et ce tueur en série proche visuellement de Quasimodo. Pourquoi pas ? La description du pays en guerre et aussi du conflit de famille entre Charles VII et sa mère Isabeau vaut aussi son pesant de cacahouète. On attend la suite mais ce premier album rend curieux.

Rien ne vaut une belle bande dessinée !
Sylvain Bonnet
Jean Dufaux & Juan Luis Landa, L’Ogre, Glénat, septembre 2025, 112 pages, 29 euros