Après la rafle, une histoire vraie

La vérité est toujours bonne à raconter

Paraît que tu veux te faire la belle, toi aussi ? Ça se pourrait bien. 

Après la rafle est la triste évidence d’un sombre passé français. C’est la vie racontée en image de Joseph Weismann et des juifs déportés de France. Lui étant l’un des derniers rescapés de la rafle du Vél’d’Hiv qui a voulu témoigner de cet épisode dramatique et très personnel. Après le film de Rose Bosh en 2010 et le livre de Caroline Andrieu chez Michel Lafon en 2011, voici la version en roman dessiné.

Remonter le temps et voir défiler sa vie

Nous sommes en 1965, Joseph Weismann se rend à Chicago pour retrouver son ami Jo, Joseph Koganovitch. Il ne l’a pas revu depuis 25 ans. La dernière fois qu’ils se sont vus, c’était lors de leur évasion d’un camp en France avant d’être envoyé en Pologne ou en Allemagne et surement d’y perdre la vie.

Avant cette incroyable et émouvante retrouvaille, le trajet en avion lui permet de remonter le temps, sa vie défile sous ses yeux mais surtout ce qu’ils ont vécus ensemble. De Montmartre en 1942 où il passera de l’insouciance d’un jeune garçon de 10 ans à celui de la risée de tous avec son étoile cousue sur le cœur, comme une cible visible de tous. Mais ce n’est rien comparé au chemin qui l’entrainera dans un camp en France où tous les enfants sont parqués avant un prochain déplacement, vers une destinée beaucoup plus inquiétante.

Joseph qui se retrouve seul, arraché à sa famille, n’a qu’une envie s’échapper et retrouver les siens. Seul un garçon du camp a envie de le suivre, il se prénomme Joseph, comme lui.

Le risque de se faire attraper et descendu par les vigiles ne va pas arrêter leur détermination.

Lecture éprouvante mais l’espoir naît aussi de combats d’enfants

Chaque nouveau livre, film, bande dessinée sur ces tragédies laissent toujours un goût amer, celui de l’infamie et du dégout. Le voyeurisme éprouvé devant tant de douleurs dont nous sommes si éloignés est toujours difficile à supporter. C’est encore le cas à chaque nouvelle page, chaque étape de souffrances. Rien n’est épargné à nos yeux, pourquoi le serait-il ainsi ? Voir ces familles séparées est déchirant, ces enfants livrés à eux-mêmes et ces assassinats toujours tragiques.

On se reverra, Joseph ? J’espère mon vieux. J’espère. Bonne chance à toi. A la vie à la mort. 

Mais la joie de voir ces deux amis d’évasion séparés après leur fuite qui se retrouvent est touchant. Les happy end ne sont pas légions pour les juifs de cette époque. Ces deux destins qui se retrouvent racontés en livre et aujourd’hui en roman graphique est un nouveau moyen pour toucher de nouveaux lecteurs. Les enfants auront également ce livre en main pour découvrir l’authentique vie de Joseph Weismann et ainsi apprendre une portion de l’histoire de France.

Xavier de la Verrie

Arnaud Delalande (scénario) & Laurent Bidot (dessin), Joseph Weismann, Après la rafle, Les Arènes BD, janvier 2022, 128 pages, 21 euros

Une réflexion sur “Après la rafle, une histoire vraie

Laisser un commentaire