La Librairie de la place aux herbes

Eric de Kermel est un amoureux de la nature. Humaniste et lettré, il a publié en 2017 La Librairie de la place aux herbes, très grand succès de librairie, que j’ai lu réédite en version augmentée d’un chapitre (« Philéas »). Si vous aimez les belles histoires, les livres, et considérez que l’humain doit être au centre des préoccupations, alors ce livres est fait pour vous conforter.

une libraire, des lecteurs

Nathalie quitte son métier de professeur pour se lancer dans la grande aventure de sa vie, devenir libraire. Le lieu y est aussi pour beaucoup, une librairie à reprendre sur la très belle places aux Herbes à Uzès. C’est décidé, le temps de mettre un peu de sa personnalité dans la rénovation, et la voilà installée. Aussitôt, c’est comme si elle était à une place qui lui revenait naturellement, s’installant dans les habitudes et les amitiés des voisins, des passants, des commerçants.

Son récit est d’abord celui des lecteurs qui vont entrer dans sa librairie. Quelques portraits qui chacun représentent une valeur humaine essentielle et qui, chacun, vont lui donner sinon une leçon de vie, du moins un réconfort dans ses convictions. Cette jeune fille qu’elle guide en cachette d’une mère un peu austère. Ce, jeune facteur qu’elle incite à devenir le comédien qu’il rêvait d’être. Les sœurs du couvent proche avec lesquelles elle discute enluminures et apprend le jardinage et la paix. Ou encore ce voyageur insatiable qui cherchera dans la littérature ce qu’il ne trouvera plus dans les guides et choisira sa prochaine destination sur l’impulsion d’un roman. Chacun des lecteurs qu’elle choisit de nous raconter est aussi le symbole des multiples pouvoirs du livre.

L’histoire d’une transformation

Je souris à la jeune fille en me disant qu’il suffisait parfois de pas grand-chose, et de quelques livres, pour que la vie reprenne les couleurs qu’elle avait perdues.

La Librairie de la place aux herbes est aussi l’histoire de la transformation de Nathalie. Comme femme, comme épouse, comme mère, elle devient meilleure au fil des rencontres. Elle comprend ses propres blocages et parvient à les dépasser en fonction du temps qu’elle va consacrer aux autres. Car bien au-delà de son travail de libraire,

La Librairie de la place aux herbes est une expérience, non pas de banal feel good, mais d’une lecture qui vous fait sourire en dedans sans concéder ni à la culture, ni à la réflexion, ni à l’intelligence. C’est une aventure, comme un conte, comme Emilie Jolie par exemple (par ailleurs cité), le conte musical de Philippe Chatel, où de rencontres en rencontres c’est l’expérience de renaitre à soi-même comme une personne plus complète, plus épanouie, plus à même d’affronter son propre réel.

La Librairie de la place aux herbes est un voyage dans les livres et les lecteurs. Un hommage au pouvoir des mots, et à ce merveilleux métier de passeur qu’est le libraire et dont la devise pourrait être : « Ralentir est le début du mouvement. Habiter le temps plutôt que lui courir après. Être à chaque chose pleinement plutôt qu’à de nombreuses incomplètement. »

Loïc Di Stefano

Eric de Kermel, La Librairie de la place aux herbes, préface d’Erik Orsenna, illustrations de Camille Penchinat, J’ai lu, 309 pages, 7,60 euros

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