Dessine-moi le Petit prince, hommage au héros de Saint-Exupéry

Rarement un livre autre été si universel que Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. Ce conte est célébré par Gallimard par un album anniversaire, à l’occasion du 75e anniversaire de sa parution. Disparu en mer lors d’une mission aérienne le 31 juillet 1944, Saint-Exupéry ne verra pas la magie de son personnage opérer à travers les générations. Publié en France en avril 1946, sa capacité à émerveiller ne s’est jusqu’à présent jamais altérée.

un conte inaltérable

La première partie de l’album est composée du conte original. Le grand format permet d’apprécier pleinement les aquarelles de l’auteur et de s’immerger dans ce texte magnifique. Est-il encore besoin de le présenter ? Disons a minima qu’il s’agit d’un parcours initiatique fait d’étapes, Joann Sfar dirait de « rituels », en deux parties. Après une série de rencontres, le Petit Prince échoué sur la terre qu’il pense être une planète agréable, puisqu’il y pousse des roses semblables à la sienne, qui pourtant est unique.

Au fil des rencontres, mémorables, le Petit Prince va faire la leçon aux hommes sur ce qui est essentiel à la vie et ce qui ne l’est pas. C’est un conte pour enfants, certes, mais pour chaque enfant qui demeure dans le coeur devenu fermé et froid des hommes.

Un hommage graphique

Saint-Exupéry était un dessinateur naturel, sans formation. Pourtant, il a toujours chez lui une justesse psychique. Son dessin jaillit sans filtre, dans l’allégresse et la simplicité. C’est pour cette raison qu’il reste indémodable.

Mœbius

Il y a d’abord un entretien avec Joann Sfar, qui qualifie le Petit Prince de mythe moderne, et auquel il a consacré une adaptation en bande dessinée. Pour lui, la valeur essentielle du texte est d’être religieux, au sens où il est « en totalité un ouvrage de rituels. » S’y ajoute une ouverture sur la pensée orientale, l’altruisme, la bonté, la simplicité et la générosité. Sfar parle aussi de son travail d’adaptation, comme s’il se glissait entre les pages existantes pour « simplement » les prolonger et les lier entre elles.

Viennent ensuite des doubles-pages où un dessinateur rend hommage au héros de Saint-Exupéry, le dessin étant accompagné d’un texte qui explique en quoi il a été marqué. On regrettera alors que certains dessinateurs mettent d’abord leur œuvre en avant plutôt que le petit Prince, en mettant leur personnage avant, comme s’il avaient peur qu’on ne les reconnaissent pas sans. Par exemple Jean-Claude Götting fait un dessins d’une mère qui lit à son fils le Petit Prince, il pourra changer la couverture du livre à volonté… Mais signalons les pages magnifiques de Tony Sandoval, d’Antonio Lapone, de Milo Manara ou de Nora Moretti : ils rendent hommage en faisant entrer le petit prince dans leur univers propre, tout en en faisant la figure centrale. Ou encore Romain Hugault, spécialiste de l’aéronautique, qui fait un très bel Antoine de Saint-Exupéry réparant son avion et regardant le petit prince venir à lui.

Ces dessinateurs ont tous un point commun, qu’exprime très bien Leinil Francis Yu :

Le Petit Prince me replonge,ge dans l’une des meilleures période de ma vie : l’enfance, avec ses émerveillements et ses découvertes. Cette courte et cruciale étape de nos vies à forgé les adultes que nous sommes devenus.

Loïc Di Stefano

Antoine de Saint-Exupéry, Dessine-moi le Petit prince, hommage au héros de Saint-Exupéry, Gallimard, octobre 2021, 168 pages, 29,90 eur

Avec les hommages de Pierre Alary, François Avril, Gaëtan et Paul Brizzi, Florence Cestac, Christophe Chabouté, Dominique Corbasson, Yannick Cornoz, Dan, Gabrielle Dell’otto, Derib, Brecht Evens, Cédric Fernandez, René Follet, Gipi, Jean-Claude Götting, René Hausman, Romain Hugault, André Juillard, Antonio Lapone, Loustal, Milo Manara, Franck Margerin, Ana Miralles, Mœbius, Nora Moretti, Franck Pé, Hugo Pratt, Tony Sandoval, JKoann Sfar, Albert Uderzo, Leinil Francis Yu.

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