Justice League – faute d’un clou d’Alan Davis : retour à l’âge d’argent

Et si… ?

Une ferme dans le Kansas, près de Smallville. Jonathan Kent cherche à démarrer sa voiture mais voilà un clou est planté dans le pneu et sa femme Martha… Disons qu’elle a envie de rester au chaud avec lui. Ils ne prennent pas la route et ne voient pas ce qui ressemble à un astéroïde s’écraser au bord de la route. Vingt ans plus tard, l’Amérique voit monter une vague de méfiance envers les métahumains, attisé le journaliste Perry White à la télévision. Les membres de la Justice League s’interrogent sur la manière de répondre à ces peurs et décident de recruter une journaliste pour gérer leurs relations avec l’opinion publique, Lois Lane, ce qui suscite la méfiance de Batman.

En fait, il leur manque un héros qui soit positif aux yeux du public. Et ce ne peut être Batman, bientôt pris au piège à Arkham par un Joker doté de mystérieux pouvoirs qui torture et exécute devant ses yeux Batgirl et Robin. Fou de colère, Batman se libère et le tue devant les caméras… nos héros ne se doutent pas encore que tout cela est le résultat d’un complot bien organisé par Jimmy Olsen. Seul pourra l’arrêter un paysan amish du Kansas totalement différent du reste de l’humanité.

Une œuvre nostalgique et passionnante

Aux commandes de cet album, qui regroupe en fait deux récits, on trouve Alan Davis, dessinateur anglais qui a originellement travaillé avec Alan Moore sur Captain Britain puis Chris Claremont sur Excalibur. L’hypothèse de départ est simple : que se passe-t-il sans Superman ? Eh bien la Justice League n’y arrive pas, handicapé par le manque de charisme des personnages (Batman en a mais il est trop sombre). Bien évidemment, Kal-El n’est pas loin et finira par devenir le héros qu’il doit être. Sur ce canevas, Davis paraît se dépasser graphiquement, livrant des planches très dynamiques, parfois « cartoony », inspirées par Neal Adams ou Joe Kubert. Il est aidé par son encreur, Mark Farmer, et des couleurs très chatoyantes. L’idée était de rendre hommage aux comics du Silver Age (ceux des années soixante) et c’est totalement réussi.

C’est avec cette saga qu’Alan Davis s’est imposé définitivement comme un artiste majeur du monde des comics et cette réédition fastueuse (comme toujours chez Urban Comics) lui rend hommage.

Sylvain Bonnet

Alan Davis & Mark Farmer, Justice League – faute d’un clou, traduit de l’anglais par Jeremy Manesse, Urban comics, juin 2023, 312 pages, 30 euros

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