La sonde et la taille: Conan, un homme bien sûr
Auteur de recueils de nouvelles comme Le comptoir des épouvantes (Malpertuis 2012) et de romans tels L’or des princes (Malpertuis, 2015) La mort de Paul Asseman (La clef d’argent, 2019), Laurent Mantese a décidé de frapper fort en écrivant La sonde et la taille, un roman centré sur… Conan, le héros iconique de la fantasy créé par Robert E. Howard et popularisé par les comics et Hollywood. Et il nous le propose vieux, malade… et en difficulté.
Le déclin du grand Roi
Le vieux géant couché releva péniblement le buste. Son visage luisait d’une sueur mauvaise sous la flamme presque éteinte de la lampe. Il fixa le Khajym, hagard, et ne sembla pas le reconnaître. Alors, gêné, le Khajym se leva, réalimenta en huile la panse joufflue de la lampe, et, laissant le roi émerger de ses cauchemars, se dirigea vers l’âtre.
Voici donc le roi Conan, souverain de l’Aquilonie depuis des décennies, soudain vieux et fatigué. Malade aussi : seul une opération peut le guérir de la maladie de la pierre, qui l’empêche d’uriner correctement, et de peut-être le sauver d’une possible tumeur qui l’emporterait. Conan accepte donc l’opération, pour vivre et protéger son fils adoptif, Colin, un faible d’esprit qu’il a recueilli après la destruction de son village natal. Mais le vieux roi est affaibli et certains à la cour conspirent : un coup d’état a lieu, tuant son entourage, dont son fidèle lieutenant, le Khajym. Mais le barbare a encore de l’énergie et, à peine opéré, il réussit à sauver sa peau et celle de Colin. Les conjurés lancent à ses trousses une bande de mercenaires sanguinaires. Conan est parti vers la Nord, la Cimmérie terre de de ses ancêtres. Il devra échapper à ses poursuivants et aussi à une créature magique… eEt-ce sa dernière aventure ?
Un résultat étrange
La sonde et la taille va partager les fans du personnage et d’Howard. Le roman nous montre avec moult détails les effets de la maladie, l’odeur de la crasse et même de la merde. Laurent Mantese est ici sans équivoque un démystificateur. Pour autant, il conserve au personnage son aura, son charisme, sa présence si étrange. Son obstination à défendre le jeune attardé émeut, surtout de la part d’un barbare qui en a vu des vertes et des pas mûreset qui a du sang sur ses mains. Une histoire qui vaut en tout cas la peine d’être lue car Laurent Mantese a un réel talent de conteur.
Sylvain Bonnet
Laurent Mantese, La sonde et la taille, Albin Michel Imaginaire, illustration de couverture de Didier Graffet, mai 2024, 624 pages, 24,90 euros