La Dernière vie de Romy Schneider

La Dernière vie de Romy Schneider est en fait la réédition (augmentée) de La Double mort de Romy (singulier changement de titre !), paru chez Albin Michel en 2002. Ne l’ayant pas lu à cette première publication (honte à moi), je me suis vaillamment rattrapé…

Les Américains ont Marilyn, les Français (et les Allemands !) ont Romy. Des stars aux destins tragiques que l’on sentait brisées de l’intérieur. Toutes deux mortes trop jeunes, bien sûr. La question d’un éventuel suicide de Romy reste suspendue mais, comme l’écrit Bernard Pascuito, quelle importance ? 

Conséquence de leur trajectoire accidentée, les livres concernant ces deux comédiennes prolifèrent. Romy ne battra jamais le record de Marilyn (environ un livre pas mois depuis sa mort !), mais elle parait bien partie pour imposer un record européen. Déjà, rien qu’en France, une bonne vingtaine d’ouvrages portant sur sa vie, sa carrière, ses amours. Si elle avait été bonne cuisinière on aurait sans doute eu droit à ses fiches de recettes. On a quand même évité ses conseils de beauté. 

Pascuito choisit de narrer les douleurs de Romy. En commençant par la fin. C’est-à-dire la mort accidentelle de son fils David, le tournage de son dernier film La Passante du sans-souci et, bien entendu, le décès de Romy. Autant dire qu’il s’est concentré sur les derniers mois d’une vie qui connut autant de hauts que de bas, autant de récompenses que de coups durs, autant de rayons de soleil que de zones d’ombre.

 

Romy Schneider et Alain Delon, LE couple magnifique (sur le tournage de « La Piscine », 1968)

 

Pour construire ce portrait de larmes et de doutes, c’est essentiellement la vie amoureuse qui est mise en exergue. Après s’être amouraché du pâlot Horst Buccholz (oui, celui des 7 mercenaires), elle tomba sous le charme d’Alain Delon. On connait la suite… Les amants et maris successifs furent là pour combler des trous, panser des plaies. Romy fut elle heureuse ? À lire cette biographie, on en doute. Si elle connut des moments de joie, ils furent rares, épars et ne durèrent que le temps d’un éclair.

Ce n’est pas donc pas la Romy combattante, la Romy qui parvint, contre vents et marées, à s’imposer au sommet du cinéma français qui est présentée ici. Car, souvenons-nous (pour les séniors) : à son époque, dans les années 70-80, deux comédiennes régnaient sur le septième art hexagonal : Romy Schneider et Annie Girardot. Derrière – mais derrière quand même – se tenaient les Catherine Deneuve, Simone Signoret et consœurs. On pourra gloser ad aeternam sur le fait que Romy et Annie ont subi des vies privées très tumultueuses. Mais n’était-ce pas dans leurs propres douleurs qu’elles puisaient leur talent ? Derrière leur sourire, ne sentait-on pas une infinie tristesse ? Exactement comme pour Marilyn…

 

Catherine Deneuve, Yves Montand, Romy Schneider et son fils David (et de nombreuses stars…)

 

Toujours est-il que Pascuito dresse un certain portrait de Mlle Schneider. Il ne s’attache qu’à une petite poignée de films, délaissant ce qu’il considère comme des œuvres mineures. D’ailleurs pour ne pas donner l’impression qu’il s’agit d’un livre de cinéma, celui-ci ne comporte aucune filmographie. Il s’agit de parler d’une femme plus que d’une actrice, une passionnée déchirée plus que d’une star internationale. Visant cet angle où les pleurs sont nettement plus présents que les rires, l’ensemble tient la route. Toutes les meurtrissures y sont montrées, tous les tourments y sont révélés. Quelques témoignages inédits et percutants ajoutent au propos, même certains paraissent inutilement longs (le chirurgien qui fit accoucher Romy).

Simone (Signoret, bien sûr) disait qu’il suffisait de voir tous les films d’un comédien pour tout connaitre de lui et de sa personnalité. Il faudrait sans doute lire tous les livres publiés sur Romy pour mieux la cerner et la comprendre. Dans cette vaste entreprise, cette Dernière vie parait sinon indispensable du moins incontournable. 

 

Philippe Durant

 

Bernard Pascuito, La Dernière vie de Romy Schneider, Éditions du Rocher, avril 2018, 274 pages, 19 euros

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :